Mai 68 : "une crise existentielle" selon l'ancien président brésilien

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Fernando Henrique Cardoso, l'ancien président brésilien, était professeur à Nanterre lorsque les événements de mai 68 ont éclaté. Entretien exclusif sur Euronews.

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Cinquante ans après les événements de mai 68 en France et le blocage du quartier latin à Paris, Euronews a rencontré l'un des témoins de l'époque : Fernando Henrique Cardoso, 86 ans, l'un des plus grands intellectuels d'Amérique latine.
L'ancien président brésilien (1995-2003) avait dû s'exiler en France dans les années 60 après un coup d’État dans son pays. En mai 68, il enseignait dans une grande université française.

Fernando Henrique Cardoso

"J'étais professeur à Nanterre en 1968, j'ai été professeur de Daniel Cohn-Bendit, qui a été député européen pour les Verts allemands."

"Mai 68 m'a impressionné, parce que d'une certaine manière, on voyait une société qui voulait changer or le moteur de l'histoire n'était pas lié à ce que nous avions appris concernant Karl Marx et la lutte des classes."

"Nous avons assisté à une crise culturelle, existentielle... Il n'y avait pas encore l'effet des médias sociaux, mais il était déjà clair que la tradition politique et les symboles disponibles ne correspondaient plus à la pratique."

"Je revenais du Chili. A cette époque c'est Guevara en tant que symbole qui prédominait, la guérilla, l'anti impérialisme, la lutte des classes. Et en France, ce n'était pas cela ... on scandait 'il est interdit d'interdire', on parlait d'amour libre, c'était des questions existentielles."

"Dans les manifestations, dans les rues de Paris, les gens brandissaient le drapeau noir, le drapeau anarchiste noir, mais ils ne savaient pas ce que c'était, ce que cela signifiait..."

"Et en même temps les manifestants chantaient 'Debout, les damnés de la Terre', l'Internationale, l'hymne communiste."

"Et puis Nanterre c'était près de Paris, à côté des quartiers riches. C'était différent de ce qui se passait à la même époque en Amérique latine. Les gens de la classe ouvrière qui manifestaient se portaient bien alors que les gens ne mangeaient pas à leur faim en Amérique latine."

"Il y a eu une certaine déconnexion."

"Nous commençons seulement maintenant à construire un monde connecté, même si on ne sait pas où jusqu'où cela ira . Je ne suis pas négatif envers ce nouveau monde qui est en train de se former, je dis que je suis ignorant à son sujet, je ne sais pas comment cela va évoluer."

Propos recueillis Marco Lemos et Moisés Pozzi.

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