Entre Trump et Kim, un gouffre à combler sur la dénucléarisation

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Ils ont beau avoir mis menaces et insultes en sourdine, Donald Trump et Kim Jong Un devront, s'ils veulent conforter l'extraordinaire détente sur la péninsule coréenne, se confronter lors de leur sommet au point le plus délicat du dossier: la dénucléarisation. Les déclarations de bonne volonté et les échanges diplomatiques des derniers mois ne peuvent faire oublier que les tensions avec la Corée du Nord avaient atteint des sommets en 2017 à mesure qu'elle développait envers et contre tous ses programmes nucléaire et balistique. Et Pyongyang demeure sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, de l'Union européenne, des Etats-Unis et d'autres. C'est donc un gouffre que devront combler le président américain et le leader nord-coréen, qui se rencontreront mardi à Singapour. "Cela me semble très difficile pour Kim de renoncer à la seule chose sur laquelle se fonde son importance, à savoir les armes nucléaires", déclarait récemment aux journalistes à Tokyo l'ancien secrétaire d'Etat adjoint américain Richard Armitage. "La distance entre l'endroit où nous sommes et celui où nous devons être se mesure en années", a-t-il ajouté. Washington ne réclame rien de moins qu'une dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la Corée du Nord, qui justifie son programme atomique comme un impératif face à la menace américaine. Pyongyang s'est maintes fois dit engagé en faveur de la dénucléarisation de la péninsule, une formule qui se prête à toutes les interprétations possibles. Or la Corée du Nord n'a jamais clarifié ce que pourraient être ses concessions. - La Libye - Kim Jong Un, à en croire les comptes rendus que les médias officiels chinois ont fait de ses discussions avec le président chinois Xi Jinping, attend de Washington et Séoul qu'ils "lèvent les menaces de sécurité pesant sur la RPDC" (République populaire et démocratique de Corée) et prennent des mesures "graduelles et synchrones" en réponse à ses propres décisions. Les premières indications des Etats-Unis sont que Washington s'attend à ce que le Nord renonce à son arsenal. Le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton avait, lui, fait référence à la Libye, provoquant la fureur de Pyongyang. Après avoir renoncé à son programme atomique, Mouammar Kadhafi avait été tué lors d'un soulèvement soutenu par des bombardements de l'Otan. Donald Trump a cherché à minimiser les attentes avant la première rencontre, laissant entendre qu'il pourrait y avoir d'autres sommets. "Je crois que ce n'est pas l'affaire d'un sommet", a-t-il dit jeudi, en ajoutant toutefois: "S'il ne dénucléarise pas, ce ne sera pas acceptable." La Corée du Nord a réalisé en septemble son sixième essai nucléaire, le plus puissant à ce jour, en affirmant qu'il s'agissait d'une bombe à hydrogène. Elle a par ailleurs testé des missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) susceptibles d'atteindre le territoire continental américain. - "Reddition nord-coréenne" - Outre son arsenal nucléaire, elle aurait entre 2.500 et 5.000 tonnes d'armes chimiques qu'elle a développées depuis les années 1980, selon l'armée sud-coréenne. Des questions demeurent sur la capacité des Nord-Coréens à miniaturiser une charge nucléaire pour la monter sur un missile, sur la précision de leurs tirs ou encore sur leur maîtrise de la technologie, cruciale, de rentrée atmosphérique. Pyongyang affirme que ces trois points ne posent aucun souci, ce qui a permis à Kim Jong Un de claironner que le programme nucléaire nord-coréen, "épée chérie" du régime, était achevé. Les estimations des capacités nucléaires nord-coréennes ne font pas non plus consensus. Séoul estime à plus de 50 kg le stock de plutonium nord-coréen, de quoi produire une dizaine de bombes, sachant que Pyongyang a aussi "une quantité importante" d'uranium hautement enrichi. "Pour l'administration Trump, l'essentiel des discussions se réduira probablement aux ICBM et aux têtes nucléaires", a déclaré à l'AFP Hong Min, expert à l'Institut pour l'Unification nationale de la Corée. Mais pour Siegfried Hecker, un expert américain reconnu des questions nucléaires, une dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" immédiate est "inimaginable" car elle équivaudrait à "une reddition nord-coréenne". Il imagine plutôt une feuille de route sur 10 ans qui consisterait à "suspendre, faire reculer et éliminer" les programmes balistique et nucléaire. - Accords de Munich - Mais certains estiment que Donald Trump pourrait - au nom de son slogan "l'Amérique d'abord' - accepter de reconnaître la Corée du Nord en tant que puissance nucléaire en échange d'une destruction par Pyongyang de ses ICBM et d'un gel de ses programmes atomiques à leur niveau actuel. Cela lèverait la menace contre le territoire continental américain, mais pas celle contre le Japon et la Corée du Sud. Un scénario qui ne manquerait pas d'alarmer le Premier ministre japonais Shinzo Abe. Jeudi, le chef de file du Parti de la liberté de Corée, l'opposition conservatrice sud-coréenne, a exhorté M. Trump à ne pas accepter d'accord qui ne garantisse que la sécurité des Etats-Unis. Hong Joon-pyo a même fait un parallèle avec les accords de Munich, qui avaient vu en 1938 Paris et Londres abandonner la Tchécoslovaquie en acceptant l'annexion par l'Allemagne nazie de la région des Sudètes. "Il serait très regrettable que le sort de la République de Corée résulte d'une bataille pour l'hégémonie entre les Etats-Unis et la Chine", a-t-il dit. Si Pyongyang est reconnu de façon tacite comme une puissance nucléaire, "il n'y aura qu'une option pour la Corée du Sud et le Japon (...) Nous devrons nous équiper nous-mêmes d'armes nucléaires." bur-jhw-slb-sh/jac/phv/spi

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