Lors de son discours sur l’état de l’UE, la présidente de la Commission européenne a donné, mercredi, des gages aux différents groupes politiques qui constituent sa majorité au Parlement européen pour tenter de les convaincre.
Le discours annuel sur l'état de l'UE est un exercice d'équilibriste politique. Ce rendez-vous annuel est l'occasion pour la présidence de la Commission européenne de fixer son cap pour les mois à venir, mais aussi d’emmener sur cette voie le plus grand nombre d'eurodéputés.
Ursula von der Leyen n'a pas dérogé mercredi (10 septembre) à la règle. La responsable allemande, issue du Parti populaire européen (PPE), a tendu la main vers le centre et la gauche de l'hémicycle dans le but de conforter sa coalition pro-européenne au Parlement européen.
"Elle cherchait l'unité, elle était convaincante sur la défense, la sécurité, la nécessité d'innover au sein du marché intérieur et, enfin, elle a tenu des propos significatifs et fait des propositions pertinentes sur Gaza", reconnaît le député européen libéral Sandro Gozi.
En réponse à la catastrophe humanitaire à Gaza, Ursula von der Leyen propose de suspendre le volet commercial de l'accord d'association entre l'UE et Israël. Elle avance aussi l'idée de sanctionner "les ministres extrémistes" du gouvernement israélien, ainsi que les "colons violents". Toutefois, pour les sociaux-démocrates la proposition arrive trop tard et sa portée demeure trop faible.
Les socialistes sont aussi critiques concernant l'accord commercial conclu cet été par la présidente de la Commission avec le président des Etats-Unis, Donald Trump.
"Les propos étaient un peu décevants : une défense acharnée, sans aucune lueur d'amélioration", regrette l’élu italien Brando Benifei (S&D).
Ursula von der Leyen a défendu ce compromis controversé que les députés européens de tout bord ont vivement critiqué, le qualifiant de capitulation. "Pensez aux répercussions d'une guerre commerciale totale avec les États-Unis", a prévenu la responsable allemande.
Le Pacte vert n’est pas oublié
Pour cimenter sa coalition, Ursula von der Leyen n’a pas oublié de s’adresser aux écologistes qui lui ont permis d’être reconduite pour un second mandat à la tête de la Commission. La responsable allemande assure vouloir maintenir le cap de ses objectifs environnementaux et parvenir à une économie neutre pour le climat à l’horizon 2050.
"Elle continue de s'en tenir, ou du moins dit-elle s'en tenir, au Pacte vert jusqu'en 2040 et même jusqu'en 2050", constate Lena Schilling (les Verts). La parlementaire espère que ce discours et le ton employé entraineront le PPE.
Pour sa part, l'extrême droite n'a pas du tout été convaincue par la présidente de la Commission.
"C'est un discours très faible, c'est un discours qui n'apporte pas de réponses, seulement des solutions faibles à des problèmes qui existent déjà, ce qui signifie qu'il n'y a pas de nouveaux horizons", critique l’eurodéputé António Tânger Corrêa (les Patriotes pour l’Europe).
Ce discours sur l’état de l’Union européenne avait ainsi les atours pour séduire le bloc central majoritaire du Parlement européen. Ursula von der Leyen a conclu son intervention en promettant une coopération plus étroite avec les forces pro-européennes qui ont soutenu sa réélection l'année dernière. "Je serai toujours prête à aplanir les divergences et à trouver un terrain d'entente", a-t-elle souligné.
L’extrême droite a préféré utiliser cette journée pour faire entendre son opposition. Les Patriotes pour l’Europe ont décidé de déposer le même jour une motion de censure contre la présidente de la Commission. Le débat et le scrutin devraient avoir lieu le mois prochain.