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Après la France, une motion de censure au niveau de l’Union européenne ?

Jordan Bardella speaking at EP Plenary session - State of the European Union
Jordan Bardella speaking at EP Plenary session - State of the European Union Tous droits réservés  © European Union 2025 - Source : EP
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Par Romane Armangau
Publié le Mis à jour
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C’est ce qu’a annoncé Jordan Bardella aujourd’hui, à la suite du très attendu discours sur l’état de l’Union européenne prononcé par la présidente de la Commission. Les partis de gauche radicale ont également fait savoir leur intention de déposer une motion de censure.

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À Paris, comme à Bruxelles, souffle un vent d’instabilité institutionnelle. 

Insatisfait de la signature des accords du Mercosur, de l’accord commercial avec les États-Unis et de l’opacité autour des négociations des vaccins Pfizer, Jordan Bardella a indiqué avoir déposé une motion de censure contre la Commission européenne d’Ursula von der Leyen. « Cette motion de censure sera un vote de confiance : pour ou contre l'Union européenne d'Ursula von der Leyen et pour ou contre l'Europe d'Emmanuel Macron, » a-t-il dit devant la presse réunie au Parlement européen à Strasbourg.

Bardella, président du Rassemblement national en France – mais également président de son équivalent au niveau européen, les Patriotes – a dû réunir la signature d’au moins 72 membres du Parlement européen, 10 % du nombre total de députés, pour pouvoir soumettre cette motion au vote dans l’hémicycle. 

Cette annonce intervient à la suite du discours annuel de la présidente sur l’état de l’Union européenne – une grand-messe de septembre dans laquelle von der Leyen expose ses priorités pour l’année à venir et où les chefs de groupes politiques peuvent exprimer leurs opinions, soutiens ou reproches. 

Dans ce discours, Ursula von der Leyen a notamment annoncé l’utilisation des recettes des fonds russes gelés pour la reconstruction de l’Ukraine, un plan pour l’aide au logement, l’étude d’une interdiction des réseaux sociaux pour les mineurs et surtout la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. 

Critiques de tous bords

Bien reçu par les députés de son bord, le Parti populaire européen – dont font partie les membres des Républicains – le discours a cependant reçu un accueil mitigé de la part des autres députés. 

Du côté des Français, Manon Aubry a accusé la présidente de la Commission de complicité de génocide : « Vous vous rendez complice du génocide à Gaza en n’ayant pris aucune sanction réelle jusqu’à présent. Vos annonces ne changent rien. Face à un génocide, il ne peut y avoir de demi-mesure. » 

La députée de La France insoumise, tout comme Jordan Bardella, a critiqué sa complaisance avec le président américain Donald Trump. Le président du Rassemblement national a accusé l’Allemande de défendre les intérêts de son pays et des industriels américains avant ceux des Européens – et des Français. 

Malgré tout, von der Leyen a défendu la signature de cet accord face aux critiques : « L’accord apporte une stabilité cruciale dans nos relations avec les États-Unis, à un moment de grave insécurité mondiale. Imaginez les répercussions d’une véritable guerre commerciale avec les États-Unis. Imaginez le chaos. » 

Xavier Bellamy, chef de file des Républicains au Parlement européen, qui malgré son adhésion au Parti Populaire européen s’est souvent montré critique de la politique de la Commission européenne, a ici dénoncé l’achat d’armement aux États-Unis par des pays européens : « Commençons par cesser de financer massivement des armements achetés à l’étranger. Ne plus dépendre militairement des États-Unis sera la condition pour ne plus subir le chantage commercial qu’il nous impose aujourd’hui. » 

Valérie Hayer, leader du groupe Renew centriste, auquel appartient le parti présidentiel, a averti de la perception d’une faiblesse de l’Europe. « Faible face à Trump, faible face à Poutine, faible face à la Chine, faible sur le climat », a-t-elle déclaré. 

Les députés de sa faction dénoncent aussi un "manque d'ambition" dans le discours de von der Leyen :

À la différence d’Aubry, Bellamy et Bardella, elle a appelé à « une Europe plus souveraine » et « plus fédérale ». 

Pour Horizons, le parti politique d'ancien Premier ministre Edouard Philippe, les mots et les actions de la Commission font deux :

Du côté des socialistes, le député français Christophe Clergeau a déclaré lors d’une conférence de presse : « Ce discours est une occasion ratée ». Il accuse von der Leyen de ne pas mettre en œuvre ses politiques malgré de belles promesses, parle de « beaucoup d’hypocrisie » et dit attendre de voir comment cela se traduira dans un texte de loi.  

C'est notamment l'inaction perçue de l'exécutif européen face à la situation à Gaza qui hérisse les eurodéputés socialistes :

Quelles sont les chances pour la motion de censure d’aboutir ?

Ursula von der Leyen n’en est pas encore à faire ses cartons, les partis de centre droit, centre gauche, des verts devrait soutenir la Présidente. Mais c’est cependant une nouvelle secousse dans son second mandat : les extrêmes se sont renforcés tandis que le centre politique s’est affaibli. 

Répartition des sièges entre les groupes politiques au début de la législature 2024-2029 du Parlement européen
Répartition des sièges entre les groupes politiques au début de la législature 2024-2029 du Parlement européen European Parliament

En juillet, l’eurodéputé eurosceptique Gheorghe Piperea avait rédigé une motion de censure contre von der Leyen et obtenu les 72 signatures nécessaires pour la soumettre à l’ensemble de l’hémicycle. 

Si cette initiative a échoué (avec 360 votes contre la censure et 175 pour), elle a néanmoins montré la facilité avec laquelle une motion de censure peut être enclenchée. 

Les partis de gauche radicale, ont indiqué vouloir également déposer une motion de censure.  

Lors de son discours dans l’hémicycle, Manon Aubry, députée européenne de La France insoumise, a scandé à Ursula von der Leyen: « Au terme de cette année, vous devrez partir. Ce n’est pas notre groupe qui le demande, mais 60 % des citoyens européens. » Une référence à une étude qui a conclu qu’à la suite de la signature du deal négocié par von der Leyen entre les États-Unis et l’Union européenne, 60 % des citoyens se sont dits favorables à sa démission. « Puisque vous refusez de le faire, nous déposerons une motion de censure. » 

Elle a cependant indiqué refuser son intention pour elle, et son parti de voter, pour la motion de censure déposée par le parti de Jordan Bardella.

Mais les voix "pour" ne manquent pas parmi les eurodéputés français :

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