A Gênes, le pont s'est écroulé et la vie s'est arrêtée

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Un morceau de viaduc planté dans la rivière asséchée côtoie des bâtiments éventrés et des carcasses de voitures et de camions écrasées au sol: la partie en contrebas du pont Morandi, qui s'est écroulé mardi à Gênes, a des airs de zone sinistrée par un tremblement de terre.

Des équipes de pompiers s'affairaient toujours mercredi en fin de journée avec l'aide de chiens et de pelleteuses. Deux grandes grues jaunes et noires sont arrivées dans la nuit pour aider à déblayer et accéder à des cavités où des victimes pourraient être coincées.

"Nous n'excluons pas cette possibilité (de retrouver des survivants), mais l'espoir est mince", confiait à l'AFP Luciano Roncalli, inspecteur des pompiers arrivé mardi de la région de Milan. En fin de journée, le bilan du drame s'élevait à 39 morts et 16 blessés, dont neuf dans un état grave, et encore des disparus.

Depuis un pont situé à quelques centaines de mètres du viaduc effondré, en pleine zone périphérique de Gênes, Francesco Bucchieri, 62 ans, observe le désastre, incrédule. "Je n'arrive pas à me dire que tout cela est réel, j'ai encore l'impression que nous sommes dans un film".

"Il y a eu des négligences. Ils ont sous-évalué le danger, ces morts étaient annoncées. Il faut trouver les coupables. C'est un scandale", s'insurge-t-il.

Mardi, en fin de matinée, plus de 400 mètres de ce viaduc dressé au milieu des années 1960 ont cédé sans raison apparente. Un camion vert est resté figé sur la partie gauche du pont, à quelques mètres du précipice.

Le côté droit de l'édifice prend désormais des allures de plongeoir. Le viaduc est suspendu sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus d'imposants immeubles d'habitation roses et jaunes du quartier de Sampierdarena.

- Immeubles condamnés -

"J'étais chez moi et tous les immeubles se sont mis à trembler. Pire qu'un énorme tremblement de terre", raconte Pasquale Ranieri, 86 ans, en débardeur noir.

Comme plus de 630 habitants du quartier, l'octogénaire, qui vit dans un immeuble de cinq étages situé via Enrico Porro, sous le pont Morandi, a dû partir dans la précipitation, face à la menace de nouvel effondrement.

Son voisin Herman Diaz, 70 ans, est parti sans sa boîte à médicaments. "Je prends six médicaments différents, mais je ne connais pas leur nom et je n'ai pas l'ordonnance de mon médecin avec moi, je ne sais pas comment je vais faire", lâche-t-il d'une voix éteinte.

Des pompiers se sont relayés mercredi pour aller chercher des animaux de compagnie restés dans les appartements. Ainsi, Giancarlo Castelli, descendait la rue Walter Fillak en fin d'après-midi avec sa tortue dans un terrarium improvisé.

De l'autre côté de la voie ferrée, un vieil homme bataillait lui avec des policiers pour pouvoir aller nourrir quatre chatons ayant trouvé refuge dans son cabanon, situé dans la zone bouclée par les forces de l'ordre.

"Les chatons sont vivants, ils étaient affamés, ils ont tout dévoré", a-t-il raconté tout sourire à l’AFP après avoir réussi à franchir le périmètre de sécurité, escorté par un policier.

Pour autant, au fil des heures, les préoccupations immédiates ont cédé la place à l'inquiétude pour l'avenir. Ce qui reste du pont va devoir être démoli, et les bâtiments en-dessous sont condamnés, ont annoncé les autorités.

"Nous prenons l'engagement de fournir avant la fin de l'année un logement à tous ceux qui auront dû abandonner le leur pour raison de sécurité", a assuré le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini.

Patrizia Salmonese est rentrée de vacances en urgence: "Ils vont vouloir nous mettre dans des HLM, mais nous n'accepterons pas".

Ivo Brucciani habite dans la même rue, un peu plus bas, à moins d'une centaine de mètres du pont: "Même si mon immeuble reste debout, je ne vois pas comment je pourrai continuer à vivre ici avec ma femme et mes enfants, au milieu des pierres et de la poussière".

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Quand on lui demande son âge, il répond: "60 ans, mais je viens de prendre cinq ans d'un coup".

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