Athlétisme handisport: le "Guépard blanc" et ses "ombres"

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Ils sont ses "yeux", mais aussi bien plus que ça... Non-voyant, Timothée Adolphe domine le sprint handisport européen depuis bientôt quatre ans sur 100 m et 200 m, un règne qu'il partage avec ses guides, ses "ombres" comme il les appelle.

Le "Guépard blanc" - son surnom - et ses guides seront justement les grands favoris sur les deux distances (100 m, mercredi, et 200 m, vendredi) aux championnats d'Europe handisport de Berlin.

Et pour cause: non content d'être double tenant du titre (2014, 2016) sur les deux distances, le natif de Versailles, 28 ans, vient également d'améliorer ses propres records continentaux, en mai sur la distance reine et en juin sur 200 m, catégorie T11 (déficiences visuelles).

Chez ce grand gaillard longiligne aux cheveux coupés ras et bouc blonds, né malvoyant et devenu aveugle à 17 ans après avoir progressivement perdu la vue suite à divers accidents (chute dans des escaliers, coup de coude), le "on" est de rigueur. "L'athlétisme est un sport individuel où les égos sont très forts, mais moi c'est une discipline collective que je pratique."

Car les titres qu'il a gagnés, il les doit aussi à ses guides. Yannick Fonsat, médaillé de bronze sur 400 m aux championnats d'Europe "valides" en 2012, en fait partie. Appelé à la rescousse par Timothée Adolphe l'an dernier, le sprinteur de 30 ans s'épanouit désormais dans un univers du guidage qu'il découvre encore.

"C'est une aventure humaine incroyable", affirme celui qui guidera Timothée Adolphe sur 200 m vendredi à Berlin. "On fait presque tout à deux. On se voit tous les jours, on s'appelle très souvent et on est devenus de super bons potes."

- "Courir dans le noir" -

Ce lien qui unit les deux hommes, au sens propre comme au sens figuré, est vital pour être performant. "Pour courir à 30 km/h dans le noir attaché à quelqu'un, il faut vraiment avoir une confiance absolue", martèle Timothée Adolphe, seul athlète handisport interne à l'INSEP, où il s'entraîne généralement 20 à 25 h par semaine.

"J'ai moi-même essayé d'être guidé, et je peux vous dire que c'est très difficile de s'abandonner totalement à quelqu'un", assure Yannick Fonsat. "En course, je suis +ses yeux+, je lui donne la direction, je dois m'adapter à son allure..."

La complexité de cette discipline est telle qu'elle a déjà joué de mauvais tours à Timothée Adolphe, qui réside à Epernon (Eure-et-Loire) le week-end. Disqualification aux championnats d'Europe 2014 (poussette du guide à l'arrivée), aux JO-2016, aux Mondiaux-2017 (+cassé+ effectué trop tôt): le "Guépard blanc" n'a que trop vécu de désillusions. Ce qui ne l'empêche pas d'aborder les championnats d'Europe avec beaucoup d'ambition, et une petite idée derrière la tête...

"On me parle du record du monde du 200 m (22.41): je ne suis qu'à cinq centièmes", explique celui qui a délaissé une carrière de musicien avec son groupe de hip-hop TMRIT pour se consacrer à l'athlétisme. "Mais je n'ai pas envie de me focaliser là-dessus, je sais qu'on vaut mieux que ce record et qu'on le battra un jour. Je préfère me mettre en objectif de courir en moins de 22.20 par exemple."

Yannick Fonsat, lui, ne pense qu'à la victoire: "les records ça se bat, alors que les titres ça reste". Mais quel que ce soit le résultat, les torts ou les honneurs seront partagés... et même la prime! "Je fais du 50-50 avec mes guides pour les gains de victoire", souligne Timothée Adolphe, qui pense être le seul dans ce cas en France. Une façon de récompenser ses compagnons de course, athlètes confirmés qui ont choisi de passer de la lumière à l'ombre.

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