Daniel Cohn-Bendit interpelle Le Drian et Borrell sur Trump et l'UE

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Par Daniel Cohn-Bendit
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Dans cette deuxième édition d'Uncut, une émission de Daniel Cohn-Bendit pour euronews, l'ancien eurodéputé écologiste débat avec les ministres français et espagnol des Affaires étrangères de Trump et de l'opportunité qu'il représenterait pour les Européens et des défis auxquels est confrontée l'UE.

Ancien eurodéputé écologiste, le Franco-Allemand Daniel Cohn-Bendit interviewe pour euronews, des personnalités politiques dans l'émission Uncut sous la forme de conversations sans filtres, sans détours et sans coupes. Après avoir dans la première édition, croisé le fer avec Nigel Farage et Tony Blair sur le Brexit, il débatdans ce deuxième numéro, avec les ministres français et espagnol des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et Josep Borrell de Donald Trump et de l'opportunité qu'il représenterait pour les Européens, mais aussi des défis auxquels est confrontée l'Union européenne dont la crise migratoire et la montée des populismes.

C'est au ministère français des Affaires étrangères à Paris, au Quai d'Orsay que Jean-Yves Le Drian, ex-ministre de la Défense de François Hollande et actuel ministre de l'Europe et des Affaires étrangères d'Emmanuel Macron, reçoit Daniel Cohn-Bendit.

Jean-Yves Le Drian répond à Dany

Sous les ors de ce palais, notre chroniqueur évoque immédiatement Donald Trump et sa remise en cause du multilatéralisme. Contre toute attente, Jean-Yves Le Drian juge ce président américain "cohérent" dans le sens où "depuis le début, il entreprend la déconstruction méthodique de tous les outils de régulation de multilatéralisme qui existent dans notre vie en commun sur cette planète sur le climat,l’accord de Vienne [sur le nucléaire iranien]et l’UNESCO," dit-il.

"America alone"

Le ministre français poursuit : _"Tout cela signifie : une Amérique qui vit seule, ce n’est pas uniquement l’Amérique 'America first', cela devient 'America alone',_ [une Amérique] qui joue le rapport de force avec chacun de ses interlocuteurs." Face à elle, il estime qu'il faut "continuer à parler" et "si nécessaire faire valoir le rapport de force."

Daniel Cohn-Bendit intervient : "Pour créer un autre pôle contre les Américains, on parle de l’Europe."Jean-Yves Le Drian abonde en son sens : "Pour répondre à la guerre commerciale, à ces interrogations sur la sécurité, aux défis qui sont devant nous - les défis migratoire, de la transition écologique, du terrorisme et du numérique, il n’y a qu’une solution."

Mais il prévient : "'Il faut faire comprendre aux Européens, au-delà même des gouvernants, que (...) le seul moyen de relever ces défis__, c’est le renforcement de l’Europe (...) et que les marchands d’illusions qui nous font croire que le repli est salvateur nous amènent au chaos et au naufrage."

"L'Europe n'a pas explosé sur la question migratoire"

Le ministre français veut aussi souligner les capacités de résistance de l'UE : "Il se trouve qu'on annonçait à plusieurs reprises qu’après les coups de boutoir donnés par les populistes, l’Europe allait exploser sur la question migratoire : elle n’a pas explosé."

En matière de migration, il croit en l'efficacité de "ce qui a été fixé lors du Conseil européen de juin : c'est un triptyque qui repose à la fois, sur la responsabilité, la solidarité et l'humanité" et souligne que l'UE a revu son action pour favoriser le développement économique des pays d'origine sous la forme d'un "fonds d'intervention" : les pays européens participants "travaillent les uns avec les autres en fonction des opportunités économiques qui se présentent" en Afrique par exemple.

Jean-Yves Le Drian

  • Né le 30 juin 1947 à Lorient (Bretagne, France)

  • Elu socialiste local et régional de 1977 à 2012 dont Président du Conseil régional de Bretagne de 2004 à 2012

  • Très proche de François Hollande depuis 1979

  • Ministre de la Défense sous la présidence de François Hollande au sein des gouvernements de Jean-Marc Ayrault de mai 2012 à mars 2014 et de Manuel Valls d’avril 2014 à mai 2017

  • Ralliement au mouvement En marche ! d’Emmanuel Macron en mars 2017

  • Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères depuis mai 2017 sous la présidence d’Emmanuel Macron

Josep Borrell répond à Dany

Daniel Cohn-Bendit rencontre l'ancien président du Parlement européenJosep Borrell à l'Université de Santander (Espagne) où le ministre espagnol des Affaires étrangères donne des cours d'été.

D'emblée, le même personnage s'impose dans la discussion : "L'événement Trump, c'est une occasion pour l'Europe, de se redéfinir, [de se donner] un nouvel élan. Et quand je lis le discours du président de la République française aux ambassadeurs, je pense que la France est dans cette ligne-là et l'Allemagne aussi," indique-t-il.

"Il faut finir de bâtir l'euro"

Le ministre espagnol reconnaît qu'il y a des obstacles : "Les Européens ne sont pas uniformes parce qu'il y a M. Salvini ou M. Sánchez par exemple qui ne représentent pas du tout la même chose." Mais Josep Borrell souligne la détermination de l'Espagne à agir : "Faire une Europe plus souveraine et plus forte, c’est la priorité de sa politique extérieure, voire de son projet politique. (...) L'Espagne voit vraiment l'occasion de bâtir un nouveau multilatéralisme sans être sous le parapluie des Etats-Unis (...) et [de se doter d'] _une capacité stratégique et militaire," _insiste-t-il.

Il en appelle à "mettre en commun des capacités pour nous permettre d'avoir une réelle souveraineté" en soulignant les bienfaits de l'euro : "Imaginez-vous si on n'avait pas eu l'euro à quel point on serait beaucoup plus faible, chacun de nous ! Il faut finir de bâtir l’euro et là aussi, la France et l’Allemagne commencent à faire un pas en avant, l'Espagne [répondra présente elle aussi]," précise-t-il.

"La migration, c’est le plus fort dissolvant de l’Union européenne"

Daniel Cohn-Bendit évoque alors "l'incapacité des Européens à régler collectivement la question des migrants."

Son interlocuteur estime justement "qu'il faut se mettre d’accord : si on n’est pas capable de se mettre d’accord à 27, il faudra chercher [au sommet européen de Salzbourg] une coopération renforcée entre au moins neuf pays [ndlr : autour de l'Espagne, l'Allemagne, la France et le Portugal selon lui](...) Le problème migratoire a une capacité de nuire à l’Union européenne beaucoup plus forte que l’euro : la crise de l’euro, finalement, c’était de l’argent et des institutions ; la migration, c’est beaucoup plus grave parce que cela touche à l’identité, à la culture, à la vie ensemble," insiste Josep Borrell avant d'affirmer : "La migration, c’est le plus fort dissolvant de l’Union européenne."

Enfin, il met en garde : "Clairement, lors des prochaines élections, on aura face à face, deux conceptions de l’Europe : une conception de l’Europe ouverte au monde et capable de gérer des flux migratoires qui, qu’on le veuille ou non, viendront - et on en a besoin - et une conception de l’Europe fermée sur elle-même qui refuse l’autre et qui prétend devenir une sorte de forteresse."

Josep Borrell

  • Né le 24 avril 1947 dans les Pyrénées catalanes

  • Socialiste

  • Fermement opposé à l’indépendance de sa région

  • Secrétaire d’Etat, puis ministre dans plusieurs gouvernements espagnols de Felipe González

  • Désigné candidat socialiste à la présidence du gouvernement pour les législatives de 2000, puis renonce en mai 1999 en raison d’un scandale financier

  • Président du Parlement européen de 2004 à 2007

  • Ministre espagnol des Affaires étrangères au sein du gouvernement de Pedro Sanchez depuis juin 2018

Sources additionnelles • Journaliste : Stéphanie Lafourcatère

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