#PasDeVague, les profs racontent leur ras-le-bol suite à l'agression de Créteil

Capture d'écran de la vidéo où l'on voit l'adolescent braquer l'enseignante
Capture d'écran de la vidéo où l'on voit l'adolescent braquer l'enseignante
Par Maxime Bayce
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Les réactions se multiplient après l'agression d'une enseignante à Créteil, en banlieue parisienne, menacée par un faux pistolet. Sur internet, de nombreux professeurs racontent les violences subies aux quotidien. #PasDeVague

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Les profs vont-ils avoir leur mouvement #MeToo ? La vidéo, révélée ce week-end, montrant une enseignante d'un lycée de Créteil menacée par un élève armé d'un pistolet factice, a libéré la parole des professeurs sur les réseaux sociaux. Sous le hastag #PasDeVague, les témoignages se multiplient depuis dimanche soir. Ils racontent des actes de violences la plupart du temps verbales mais aussi parfois physiques.

Même si dans le cas de Créteil, l'enseignante a été accompagnée par sa hiérarchie dans son dépôt de plainte, #PasDeVague dénonce le manque de soutien de la part des supérieurs. "Vous êtes dans le répressif, pas dans l'éducatif", se serait ainsi entendu dire un professeur de latin. Idem pour Nico, dont la collègue insultée a été mise en cause pour sa "susceptibilité".

Au moment où cet article est écrit #PasDeVague fait partie des hashtags les plus repris sur Twitter. En à peine dix heures, près de 20 000 messages ont été partagés. Ils accusent tous la hiérarchie de "mettre sous le tapis" les violences. Selon ces témoins, les directions ne prennent quasiment jamais leurs responsabilités et les conseils de discipline ne sont pas assez fréquents.

Dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a annoncé qu'une "batterie de réponses, en termes éducatif et de sanctions" serait apportée. Sur un sujet aussi sensible, l'ancien recteur d'académie de Créteil, affiche sa fermeté. "J’indique notamment aux chefs d’établissement que des conseils de discipline doivent avoir lieu dès que nécessaire. Trop longtemps, on a considéré que leur nombre était le reflet de la qualité de l’établissement".

Il a aussi insisté sur l'importance d'appliquer dans les lycées la nouvelle loi permettant d'interdire les téléphones portables. "A Créteil, on peut se demander si les faits n’ont pas été accomplis pour être filmés et diffusés". Une analyse moquée sur Internet.

"Au bout du énième conseil de discipline, il arrivait que l'on reçoive un coup de fil"

Côté syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN), on se dit "solidaire" de l'enseignante agressée. Contacté par Euronews, Philippe Vincent, son secrétaire général, a réagi aux témoignages partagés sur Twitter. "Il ne faut pas se voiler la face, la parole de ces enseignants mérite d'être prise en compte". (...) Il faut essayer de comprendre pourquoi les signalements de certains collègues ne sont pas suivis jusqu'au bout. Quand ils sont confrontés à une difficulté, il faut qu'il y ait une chaîne qui fonctionne, du recteur au ministre".

Mais d'après Philippe Vincent, il y a du changement depuis l'arrivée de Jean-Michel Blanquer rue de Grenelle. "Pendant très longtemps, il y a eu une volonté de faire trop d'éducatif et maintenant c'est fini" (...)"Jusqu'à Blanquer on nous demandait de réduire le nombre de conseils de discipline. Les autorités académiques n'aiment pas ça, car derrière c'est à eux de retrouver une place aux élèves lorsqu'il y a exclusion, et cela arrive très souvent". D'après lui, l'académie faisait parfois clairement pression. "Au bout du énième conseil de discipline, il arrivait que l'on reçoive un coup de fil".

Quant à savoir si les outils sont assez nombreux pour lutter contre les violences, le responsable syndical est formel, "il existe tout ce dont on a besoin. Un article du code pénal, du code de l'éducation... On peut également signaler à sa hiérarchie un problème en cinq clics grâce à un logiciel". 

L'élève filmé en train de brandir l'arme factice, qui aura 16 ans le mois prochain, a été mis en examen dimanche soir. Il sera jugé ultérieurement par un juge des enfants.

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