Birmanie: le "génocide" des Rohingyas continue, selon un enquêteur onusien

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Le "génocide" des Rohingyas en Birmanie continue, a affirmé mercredi un enquêteur onusien, avant de présenter un rapport sur cette crise au Conseil de sécurité lors d'une réunion voulue par les Occidentaux contre l'avis de la Chine et de la Russie.

"C'est un génocide qui est toujours en cours", a déclaré Marzuki Darusman, président de la Mission d'établissement des faits de l'ONU sur la Birmanie.

Il a précisé lors d'une conférence de presse qu'à l'exception des tueries, toutes les autres caractéristiques de ce crime de masse (ostraciser et discriminer une population, empêcher des naissances, enfermer une population dans des camps...) étaient toujours bien présentes.

Contre la minorité musulmane Rohingya, "l'intention génocidaire (...) peut être raisonnablement déduite", a-t-il insisté par la suite devant le Conseil de sécurité, sans réaffirmer lors de la présentation du rapport de sa Mission que le génocide se poursuivait.

Rendu public en septembre, ce document de 444 pages d'une équipe non autorisée à se rendre sur place mais qui a recueilli de nombreux témoignages d'exilés Rohingyas a dénoncé un "génocide" et appelé à poursuivre devant la justice internationale six généraux birmans. Parmi eux, figure le commandant des forces armées birmanes, Min Aung Hlaing.

Quelque 390 villages détruits, 10.000 Rohingyas tués, plus de 720.000 Rohingyas ayant fui l'Etat Rakhine vers le Bangladesh à partir de l'été 2017, a énuméré devant le Conseil de sécurité Marzuki Darusman. Selon lui, "les conditions de retour des Rohingyas ne sont pas réunies". S'il était réalisé maintenant, ce serait les condamner à d'autres assassinats, a-t-il mis en garde.

- "Responsabilités" -

Comme il l'avait fait la veille lors de la présentation du même rapport devant l'Assemblée générale de l'ONU, l'enquêteur a appelé le Conseil de sécurité à saisir la Cour pénale internationale ou à créer un tribunal ad hoc, et à imposer des sanctions ciblées et un embargo sur les armes.

"Il ne peut y avoir de réconciliation juste et durable sans mettre en cause les responsabilités", a martelé Marzuki Darusman. Et cela ne peut passer que par un processus international: "les enquêtes internes en Birmanie se sont traduites par des échecs sans espoir que cela change à l'avenir".

Le gouvernement birman a rejeté les conclusions de la Mission de l'ONU, mis en cause son indépendance et sa composition et souligné avoir établi une commission d'enquête incluant des diplomates asiatiques.

A l'issue d'une troisième visite en Birmanie, réalisée du 10 au 20 octobre, l'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, avait aussi souligné dans un communiqué que "la mise en cause des responsabilités était l'un des deux piliers importants d'une réconciliation nationale, l'autre étant un dialogue inclusif". "L'établissement des faits de manière crédible est le premier pas vers une mise en cause des responsabilités", avait-elle estimé.

La réunion pour entendre Marzuki Darusman avait été demandée par 9 des 15 membres du Conseil, majoritairement occidentaux.

Le Conseil "ne peut pas se voiler la face, sauf à abdiquer ses responsabilités et renoncer à ce qui est sa raison d’être même. Si le Conseil de sécurité ne s’estime pas concerné par une telle situation, quand le serait-il?", a lancé l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.

Son homologue chinois, Ma Zhaoxu, avait critiqué au préalable la venue "sans précédent" du président d'un "mécanisme spécial" créé sur les droits de l'homme dans un pays spécifique. Cela revient à "doublonner" avec le travail d'autres instances, a-t-il dénoncé, en évoquant implicitement le Conseil des droits de l'homme des Nations unies basé à Genève.

Un point de vue repris à l'identique par son homologue russe, Vassily Nebenzia, qui a aussi parlé de "double emploi" et de crise à régler de manière "bilatérale" entre la Birmanie et le Bangladesh.

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