Au Yémen, des habitants inquiets face à la fragilité du processus de paix

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Quasi inespéré, l'accord inter-yéménite conclu en Suède offre une lumière d'espoir pour une population exsangue. Mais, après des années de guerre, nombre d'habitants n'osent entrevoir le bout du tunnel, face à la fragilité du processus et à la méfiance persistante entre belligérants.

Vendredi matin, au lendemain du cessez-le-feu conclu entre les rebelles Houthis et les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, le calme qui régnait à Hodeida, port stratégique aux mains des rebelles et principal front du conflit, n'est pas parvenu à départir de nombreux Yéménites de leur anxiété.

Quelques heures plus tard, cette ville par laquelle transite l'essentiel des importations du pays a été le théâtre d'affrontements sporadiques, dans ses quartiers est et sud, confortant la population dans ses doutes.

"J'étais tellement heureuse qu'ils aient réussi à trouver une solution pour Hodeida, mais notre joie a été de courte durée", commente Nouha Ahmed, 28 ans, une résidente de Hodeida.

Omar Hassan, 40 ans, souligne que les habitants attendaient "désespérément le retour au calme et à la sécurité". "A présent, nous avons peur que les affrontements reprennent et se poursuivent", dit-il.

Samedi matin, l'atmosphère semblait de nouveau à l'apaisement. Les magasins sont néanmoins restés fermés dans le sud et l'est de la ville, où déambulaient des hommes armés.

Aux termes de l'accord conclu en Suède, un cessez-le-feu "immédiat" devait entrer en vigueur à Hodeida. Le retrait des combattants devrait lui intervenir dans les "prochains jours".

Un échange de prisonniers impliquant quelque 15.000 combattants est également prévu ainsi que des accords pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à Taëz, ville du sud-ouest aux mains des loyalistes mais assiégée par les rebelles.

Les pourparlers interyéménites doivent reprendre fin janvier pour tenter de définir un cadre de négociation en vue d'un règlement global.

- "Un ennemi perfide" -

L'accord conclu jeudi est sans doute le plus important depuis le début de la guerre, en 2014-15, mais son application risque de se heurter à plusieurs difficultés et nécessitera de fortes pressions internationales, estiment eux-mêmes des experts.

Les propos de Mohammed Abdo, un soldat rebelle patrouillant dans les rues de Hodeida, expriment le niveau de défiance entre les parties.

"Nous ne nous attendons pas à ce que l'ennemi respecte l'accord car l'ennemi est perfide et non pacifique", dit-il.

Entouré d'autres combattants, il affirme que "la paix s'obtient par les armes".

Dans le centre-ville et dans le nord de Hodeida, les gens vaquent à leurs occupations quotidiennes et font les magasins, mais restent eux aussi prudents.

"Les trêves sont toujours rompues et l'accord actuel peut s'effondrer à tout moment", confie un habitant sous le couvert de l'anonymat.

Depuis juin, Hodeida est sous le feu d'une offensive de la coalition menée par l'Arabie saoudite, qui intervient depuis 2015 en soutien aux forces gouvernementales.

"Les pourparlers en Suède étaient un pas positif pour les difficultés humanitaires du Yémen et de Hodeida en particulier", estime Marwan Halissi, propriétaire d'un magasin.

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Il dit espérer "que l'ONU joue un rôle plus important et fasse pression sur les pays de la coalition" pour une solution sur le long terme.

- "Prêts à toutes les options" -

Dans d'autres villes de ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, l'inquiétude est la même.

Dans la capitale Sanaa, aux mains des rebelles depuis 2014, l'impression est ainsi mitigé.

Vendredi, jour de prière, les imams ont appelé les citoyens à rejoindre les rangs des combattants Houthis, ont rapporté des médias pro-rebelles.

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"Nous sommes prêts à toutes les options et à répliquer à toute violation (de la trêve) par l'ennemi", a également indiqué le commandement militaire des Houthis dans un communiqué.

Sur un marché de Sanaa, Ismail al-Ghobeiri veut, lui, être positif: "Nous espérons que toutes les parties respectent l'accord, et si cela se fait, le prochain round de négociations aura une chance de réussir".

Dans le sud du pays, à Aden, aux mains des loyalistes, les habitants ont accueilli l'accord avec joie, tout en priant pour qu'il tienne.

"Nous espérons que les belligérants penseront aux gens qui sont au bord du désespoir", affirme Hassan ben Attaf.

"Nous prions pour que tous se calment --les politiques, les chefs militaires et les forces de la coalition-- afin que le cessez-le-feu tienne", ajoute-t-il.

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Depuis 2014, la guerre au Yémen a fait au moins 10.000 morts et menace jusqu'à des millions de personnes de famine, dans ce pays où sévit "la pire crise humanitaire du monde" selon l'ONU.

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