"Capo" au Vélodrome, acteur au cinéma, le destin d'un minot marseillais au charisme de "ouf"

Hamza Baggour photographié le 11 décembre 2018 à Marseille
Hamza Baggour photographié le 11 décembre 2018 à Marseille Tous droits réservés GERARD JULIEN
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Mégaphone à la main ou avec un tambour, Hamza Baggour, "capo" du plus grand groupe de supporters de l'OM, enflamme les tribunes du Vélodrome grâce à son charisme et son bagout qui lui ont ouvert les portes du cinéma.

"On n'est pas +déguns+, quand on prend le micro, on nous écoute", explique fièrement Hamza, 23 ans, au siège des South Winners, association de quelque 7.200 supporters qu'il anime avec son inséparable cousin Mehdi. Ensemble, dos à la pelouse et face à leurs troupes, ils les galvanisent. Ils confectionnent aussi les banderoles, écrivent les chants de soutien de l'équipe bleu azur.

Un rôle convoité dans une ville qui vit football, mais mise à rude épreuve par la saison compliquée de l'OM. "On a crevé l'abcès. Maintenant il reste 14 matchs, on peut aller loin", assure aujourd'hui Hamza après une rencontre avec l'équipe qui a permis la levée de la grève des encouragements.

Avant de côtoyer les joueurs au plus près, comme tous les minots fauchés, Hamza a commencé par "la gratte, une tradition marseillaise" permettant de récupérer à l'entrée du stade les places des abonnés qui se désistent.

Dans le quartier de La Cayolle, l'un des plus pauvres de la ville, son père, pêcheur puis maçon, et sa mère, femme au foyer, "galèrent" avec un seul salaire pour sept. "On ne manquait de rien", nuance le jeune homme d'origine algérienne, cheveux longs portés en catogan. "C'est dans ces situations qu'on se forge", poursuit l'amateur de MMA (arts martiaux mixtes) au poids plume.

- "Forte personnalité" -

Au pied de la cité, l'adolescent "au niveau de foot de merde", affronte ses "collègues" dont il vise les tibias lors de "matchs virils". Puis il rejoint les groupes de supporters grâce auxquels il dit ne pas être tombé dans "les vices de Marseille" et avoir vu du pays: "Ça nous a permis de nous émanciper", commente avec recul Hamza, inscrit en BTS technico-commercial.

De tous les matches, l'énergique Marseillais met rapidement l'ambiance et entraîne avec lui une cohorte de copains, sans faire de distinction: "A partir du moment où vous passez l'entrée (du siège des South Winners Ndlr), vos origines, vos opinions politiques, votre religion restent à l'extérieur".

"Hamza était une forte personnalité, il traînait les autres derrière lui, ce n'était pas un méchant mais il était incontrôlable", se rappelle Tristan Rapaud, un journaliste sportif qui a partagé les bancs du lycée avec lui et se rappelle notamment une légendaire sortie scolaire à Amsterdam. "C'est vrai, j'ai organisé une mini-révolution pour convaincre les profs de nous laisser du temps libre", sourit Hamza.

Avec son charisme de "ouf" -- selon le président des South Winners, Dany Kebaïli--, Hamza a été vite repéré par une directrice de casting lors du tournage d'un téléfilm. Alors âgé de 14 ans, il circule à grand bruit avec un scooter sans pot d'échappement . L'équipe de tournage lui demande d'arrêter, lui en profite pour leur dire qu'il veut faire du cinéma.

"J'ai vu qu'il avait quelque chose de particulier dans les yeux et je l'ai mis au défi. Le lendemain je l'ai appelé à 07H00 en lui disant qu'une place dans le film s'était libérée, et il est venu", se souvient Bania Medjbar, directrice de casting chargée de la figuration, aujourd'hui devenue sa coach.

L'acteur amateur va enchaîner avec un téléfilm de Luc Besson, puis des publicités, des clips. Il décroche ensuite un des rôles principaux dans "Corniche Kennedy" puis est reçu par la ministre de la Culture Audrey Azoulay et l'ambassadeur de France en Algérie. Il n'en garde pas moins les pieds sur terre. "Si je peux vivre du cinéma pourquoi pas ? Sinon, c'est pas grave", conclut le jeune homme, conscient d'être parti de "tout en bas".

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