Débat sur l'antisémitisme: la Chambre américaine condamne "la haine"

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La chambre basse américaine a approuvé jeudi à une très large majorité une résolution condamnant les discours de "haine", après des débats houleux au sein du parti démocrate sur l'antisémitisme, provoqués par les propos d'une élue musulmane concernant le soutien des Etats-Unis à Israël.

Le texte, qui ne mentionne pas la parlementaire démocrate en question, Ilhan Omar, a été adopté par 407 voix pour et 23 contre --toutes républicaines-- ainsi qu'un vote "présent".

Ilhan Omar a voté pour cette résolution, qui "condamne l'antisémitisme comme une expression odieuse d'intolérance, contradictoire avec les valeurs et les aspirations qui définissent le peuple américain, et condamne les discriminations anti-musulmanes, ainsi que l'intolérance contre toute minorité".

Seule élue du Congrès à porter le voile islamique et l'une des deux premières femmes musulmanes à y siéger, elle avait dénoncé la semaine dernière le fait que certains lobbies et parlementaires encourageaient à faire "allégeance à un pays étranger".

L'élue de la Chambre des représentants faisait référence à Aipac, un puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis, et à Israël.

De nombreuses voix s'étaient immédiatement élevées contre des propos rappelant, selon elles, le stéréotype sur la "double allégeance" supposée des juifs, qui ne seraient pas "loyaux" au pays où ils vivent.

D'autant plus qu'en février, Ilhan Omar avait déjà provoqué un tollé en affirmant que l'Aipac finançait "les responsables politiques américains pour être pro-Israël". Des propos piochant dans "la rhétorique antisémite de +l'argent juif+", avait notamment dénoncé un démocrate, Eliot Engel.

Elle s'était alors excusée "sans équivoque". Mais pas cette fois.

En réponse à la polémique, les chefs démocrates avaient d'abord fait circuler une résolution dénonçant exclusivement l'antisémitisme. Mais des membres du parti se sont indignés, estimant qu'Ilhan Omar était particulièrement ciblée parce que femme, noire et musulmane.

Condamnant fermement l'antisémitisme, le sénateur et candidat à la présidentielle de 2020 Bernie Sanders, qui est juif, a défendu Mme Omar: "Nous ne devons pas faire d'amalgame entre l'antisémitisme et la critique légitime du gouvernement de droite de Netanyahu en Israël".

Après plusieurs jours de profonds questionnements et divisions internes, les chefs démocrates ont finalement présenté ce texte de consensus.

Avant de voter pour, des démocrates se sont dits déçus de ne pas voir de condamnation exclusive de l'antisémitisme, voire "profondément blessés" par les propos de Mme Omar.

Des républicains ont eux affirmé avoir voté contre parce que le texte avait été "édulcoré". Et Liz Cheney, numéro trois du parti à la Chambre, a dénoncé une "mascarade présentée par les démocrates pour éviter de condamner l'une des leurs".

- Pas son "intention" -

En annonçant le vote, Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, a jugé qu'Ilhan Omar n'avait "peut-être pas apprécié la pleine portée" de ses propos. "Je ne pense toutefois pas que son intention était antisémite. Mais le fait est que cela a été interprété ainsi et que nous devons ôter tous les doutes".

Pour l'élu démocrate Ted Deutch, les mots de Mme Omar "suggèrent que des juifs comme moi (...) ne sont pas des Américains loyaux".

Les trois élus musulmans du Congrès, Ilhan Omar, Rashida Tlaib et Andre Carson, tous démocrates, ont salué dans un communiqué commun, peu après l'adoption de la résolution, "un jour historique à de nombreux égards".

"Nous sommes extrêmement fiers de faire partie d'une entité ayant condamné toutes les formes de sectarisme, dont l'antisémitisme, le racisme et le suprémacisme blanc", ont-ils écrit. "A une époque où l'extrémisme gagne du terrain, nous devons ouvertement dénoncer toutes les formes d'intolérance religieuse et reconnaître la douleur ressentie par toutes les communautés".

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Le président républicain Donald Trump était entré dans la polémique mercredi, jugeant "honteux" que les démocrates "ne prennent pas une position plus ferme contre l'antisémitisme".

Des démocrates lui ont répondu en rappelant ses propos équivoques après un rassemblement de néonazis à Charlottesville, en 2017. Un néonazi avait foncé en voiture dans une foule de manifestants antiracistes, tuant une jeune femme.

L'organisation progressiste juive J-Street s'est dite "profondément inquiète face au langage dangereux" d'Ilhan Omar. Elle estime cependant "que la menace bien plus grande planant sur la communauté juive (...) vient de la recrudescence de l'ethno-nationalisme et du racisme que des forces à droite, y compris le président Trump, ont déchaînées ici et dans le monde entier".

Jonathan Sarna, professeur d'histoire judéo-américaine à l'université Brandeis, perçoit dans ce débat interne une nouvelle "tension" venant du fait que "certains juifs, notamment de jeunes juifs, sont assez favorables aux politiques progressistes d'Ilhan Omar et d'autres nouveaux élus".

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