Mobilisation palestinienne à haut risque samedi à la frontière israélienne

Mobilisation palestinienne à haut risque samedi à la frontière israélienne
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Les Palestiniens de Gaza sont appelés à se rassembler en masse samedi le long de la barrière les séparant d'Israël, rendez-vous à haut risque marquant le premier anniversaire de manifestations et de violences meurtrières.

La mobilisation s'annonce considérable. Les organisateurs ont appelé à cesser toute autre activité. Ismaïl Haniyeh, le chef du mouvement islamiste Hamas au pouvoir dans l'enclave palestinienne coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, parle de la "manifestation d'un million" de personnes.

De l'autre côté de la barrière frontalière israélienne de plusieurs mètres de haut qui enferme le territoire, l'armée israélienne se prépare à la possible confrontation.

L'anniversaire des "Grandes marches du retour" intervient dans un contexte électrique. La bande de Gaza et les localités israéliennes alentour ont connu en début de semaine un énième accès de fièvre entre soldats israéliens et groupes armés palestiniens. Un calme précaire est revenu mercredi. L'approche des élections parlementaires en Israël le 9 avril ajoute à l'incertitude ambiante.

Depuis le 30 mars 2018, des milliers de Gazaouis participent toutes les semaines à des manifestations, souvent accompagnées de violences, le long de la barrière. Ils réclament la levée du blocus qui étouffe le territoire depuis plus d'une décennie et demandent le droit de revenir sur les terres qu'eux-mêmes ou leurs parents ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d'Israël en 1948.

Israël justifie le blocus par la nécessité de contenir le Hamas, l'un de ses grands ennemis, qui refuse son existence. Les deux adversaires se sont livré trois guerres depuis 2008. Israël exclut par ailleurs un "droit au retour" qui signifierait sa fin selon lui.

- L'épisode de l'ambassade -

Toutes les semaines, une partie des manifestants palestiniens se détachent de la foule pour s'approcher de la barrière, font brûler des pneus pour obscurcir la visibilité des tireurs israéliens postés de l'autre côté, lancent des projectiles ou des engins incendiaires vers eux, essaient de briser ou de franchir la barrière, et s'exposent aux balles.

Depuis le 30 mars 2018, au moins 258 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens, la grande majorité le long de la frontière. Deux soldats israéliens ont été tués.

La protestation a culminé le 14 mai 2018. Les chaînes du monde entier ont partagé leurs écrans entre les images de la fille du président américain, Ivanka Trump, dévoilant tout sourire la plaque de la nouvelle ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, avec celles du bain de sang à Gaza.

Au moins 62 Palestiniens ont été tués ce jour-là par des tirs israéliens et des centaines blessés.

Israël dit ne faire que défendre sa frontière, et accuse le Hamas d'orchestrer les manifestations pour détourner la pression exercée sur lui par la grave situation économique et sociale intérieure.

Les Palestiniens et les organisations de défense des droits humains accusent Israël d'usage excessif de la force.

Mais analystes et Palestiniens s'interrogent sur ce qu'ont obtenu les habitants du territoire éprouvé par les guerres et la pauvreté, et sur l'avenir du Hamas.

Ahmed Abou Ertima est l'un des principaux militants qui ont instigué les marches en publiant des messages sur Facebook, devenus viraux, appelant à manifester en masse, et pacifiquement, le long de la barrière.

Ses critiques l'accusent d'avoir été doublé par le Hamas, qui a fait la démonstration au fil des mois qu'il contrôlait l'intensité de la mobilisation.

"Ce qui s'est passé n'est pas tout à fait ce que j'avais souhaité", reconnaît-il. "Nous devons nous battre pour que les rassemblements continuent dans leur dimension populaire et pacifique".

- Rien à perdre -

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Depuis novembre, Israël a accepté de laisser entrer des dizaines de millions de dollars d'aide qatarie à Gaza en échange d'un calme relatif, un accord informel que beaucoup ont vu comme une victoire acquise grâce aux "Marches du retour".

Malgré le danger, beaucoup de ceux qui manifestent estiment ne pas avoir grand-chose à perdre. La pauvreté affecte un habitant de Gaza sur deux. Sept jeunes sur dix sont au chômage.

"Nous ne savons pas si nous allons atteindre nos objectifs", remarque Ayman al-Maflah, 20 ans, qui se rend à la frontière chaque vendredi. "J'en doute car tout le monde est contre nous, et nous sommes tous les uns contre les autres", juge-t-il, faisant référence aux dissensions inter-palestiniennes.

Récemment, sans lien avec les "Marches du retour", des manifestations ont éclaté à Gaza contre l'augmentation des prix et contre le Hamas. Ce dernier les a sévèrement réprimées et arrêté plus d'un millier de personnes selon des groupes de défense des droits humains.

Ahmed Abou Ertima, qui se dit indépendant politiquement, est "déçu" par cette répression. "Comment pouvons-nous convaincre le monde de notre droit à manifester pacifiquement contre l'occupation quand ils nous voient, nous Gazaouis, réprimer le droit à manifester pacifiquement".

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