Avec un autre Mussolini sur la scène politique, l'Italie réveille-t-elle ses vieux démons ?
C'était il y a quelques jours à Tarente, dans le sud de l'Italie. Des manifestants anti-fascistes s'étaient mobilisés contre la venue d'un candidat aux élections européennes. Et par n'importe lequel : Caio Giulio Cesare Mussolini.
Arrière-petit-fils du dictateur italien, il se présente aux élections européennes sous la bannière du parti d'extrême droite 'Fratelli d'Italia'.
Candidat dans l'une des cinq circonscriptions italiennes, il a choisi le sud du pays pour faire ses débuts en politique. Et il venait à Tarente pour un meeting électoral.
Mais pour ces manifestants, il n'est pas le bienvenu. « En 2019, lâche un des manifestants_, je ne peux plus accepter cette propagande. Ce sont des fascistes, ils répandent la haine !_ »
A ses détracteurs, qui dénoncent sa venue à Tarente, voilà ce que Caio Mussolini répond :
Une cinquantaine de personnes sont venues ce soir-là, pour l'écouter, l'applaudir, et l'encourager.
«Moi, je suis quelqu'un de nostalgique, avoue une vieille femme_. C'est un honneur pour moi d'être ici_ ». Un peu plus loin, une autre femme témoigne : « Mussolini, c'est un nom comme un autre. Moi, ça ne me fait pas peur. »
Une affaire de famille
Il n'est pas le premier Mussolini à faire de la politique. Une de ses grandes cousines, Alessandra Mussolini, siège déjà au parlement européen. Et elle se présente pour un nouveau mandat, sous les couleurs de 'Forza Italia', le parti de centre-droite de Silvio Berlusconi. Et puis il y a Rachele Mussolini, la sœur d'Alessandra, élue au conseil municipal de Rome.
Caio Mussolini, lui, est un ancien officier de la marine, chef d'entreprise. Âgé de 50 ans, il sait qu'il sait qu'il n'est pas connu du grand public.
L'arrivée d'un autre Mussolini sur la scène politique, cela réveille les souvenirs du fascisme, cette page sombre de l'histoire italienne. Comment les Italiens perçoivent-ils cela ?
Les défilés du 25-Avril, pour dénoncer le fascisme
Un élément de réponse réside dans les cortèges du 25-Avril. A Rome, comme dans les autres grandes villes, ils étaient, cette année, plus garnis que d'ordinaire. Cette date du 25 avril marque l'anniversaire de la libération du pays, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et aujourd'hui plus que jamais, les manifestants veillent à ce que le nom de "Mussolini" ne soit pas banalisé.
« C'est vraiment incroyable ce qui se passe, se désole une jeune militante anti-fasciste_. Il faut tout faire pour empêcher que ces gens d'extrême droite arrivent au pouvoir !_ »
Plusieurs observateurs soulignent que la présence au gouvernement de dirigeants populistes et identitaires contribue à banaliser certaines idées d'extrême-droite.