L'indépendantiste catalan Oriol Junqueras répond à Euronews depuis sa prison

L'indépendantiste catalan Oriol Junqueras répond à Euronews depuis sa prison
Par Ana LAZARO
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L'indépendantiste catalan Oriol Junqueras répond à Euronews depuis sa prison en Espagne. Il est candidat à la présidence de la Commission européenne.

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Oriol Junqueras est candidat à la présidence de la Commission européenne. L'indépendantiste catalan est actuellement incarcéré dans la prions de Soto del Real en Espagne, dans l'attente de son procès pour rébellion, sédition et détournement de fonds à la suite du référendum et de la déclaration d’indépendance de la Catalogne en 2017. Le candidat du parti Esquerra Republicana de Catalunya a pu se présenter aux élections européennes car il n’a pas encore été jugé. Une condamnation l’aurait disqualifié. Il est également le candidat principal du groupe Alliance libre européenne qui regroupe des partis nationalistes, régionalistes et autonomistes au Parlement européen. La Commission électorale espagnole a exceptionnellement autorisé cette interview, réalisée par vidéoconférence depuis sa prison. Entretien :

" Nous ne regretterons jamais de défendre la démocratie "
Oriol Junqueras
leader indépendantiste catalan, candidat à la présidence de la Commission européenne

Euronews : Tout d'abord, comment vous sentez vous ? Quel est votre état d'esprit après un an et demi de détention ?

Oriol Junqueras : Et bien, comme vous pouvez le voir avec mon sourire, mon attitude, mes mots et mon ton, nous allons raisonnablement bien. Bien sûr, nous serions beaucoup mieux si nous n’étions pas injustement incarcérés en détention préventive, car nous sommes totalement convaincus que nous n’avons aucune raison d’être en prison. Car rien de ce dont nous sommes accusés ne figure dans le code pénal.

Euronews : Attendons donc de voir ce que les tribunaux décideront, car les procédures pénales sont toujours en cours. Parlons des élections européennes. Vous êtes candidat au Parlement européen. Mais j'aimerais savoir si vous avez vraiment un projet pour l'Europe ou s'il s'agit davantage d'une tentative symbolique de donner de la visibilité à la cause du mouvement indépendantiste catalan ?

Oriol Junqueras : Nous avons toujours été, nous sommes et nous serons toujours des citoyens européens convaincus. Une des nombreuses preuves est que notre projet politique a toujours été un projet qui envisage une Europe de plus en plus forte, des institutions partagées de plus en plus fortes, un Parlement européen avec une visibilité et une capacité accrues en matière de législation, des politiques d'intégration européenne, dans les domaines économique, fiscal, social et culturel. Et notre bilan au Parlement européen le montre aussi : par exemple, nous avons toujours fait partie du groupe des Verts du Parlement européen, qui est sans aucun doute le groupe pro-européen et fédéraliste le plus engagé.

Euronews : Vous dites que vous êtes pro-européen mais vous parlez également de la construction d’une nouvelle frontière en Europe. Cela n'est pas très bien perçu dans l’UE. Il est clair que le projet indépendantiste n’a pas reçu le soutien des institutions européennes ni des États membres.

Oriol Junqueras : La démocratie devrait toujours recevoir le soutien des démocrates. Et la capacité de vote des citoyens est un droit démocratique absolument fondamental. Nous sommes donc convaincus que l’opinion des citoyens qui votent doit être entendue par tous. Et nous sommes convaincus qu’une Europe de plus en plus forte et de plus en plus intégrée est une Europe qui doit prendre en compte le fait que pendant que nous défendions le droit de vote, certains donnaient l'ordre de frapper les citoyens avec des matraques. Lorsque nous défendons le dialogue et la conciliation, la réponse que nous obtenons est la prison.

Euronews : Vous avez été député européen par le passé. Vous connaissez donc les rouages de l'Union européenne. Qu'est-ce qui vous fait penser que les institutions vous soutiennent ? Avez-vous eu un signal en ce sens ? Si ce n'est pas le cas, les citoyens risquent de se sentir trompés.

Oriol Junqueras : Ce qui était certainement décevant pour les citoyens, c’est que des institutions soi-disant démocratiques ont répondu à un vote populaire en donnant l’ordre de frapper les citoyens qui étaient allés voter.

Euronews : Mettons de côté le passé et regardons l'avenir. Votre parti, Esquerra Republicana de Catalunya, a obtenu de très bons résultats aux élections espagnoles. Il semble que les socialistes de Pedro Sánchez vont gouverner à Madrid. Cela pourrait être un bon moment pour le dialogue. C'est comme cela que vous voyez les choses ?

Oriol Junqueras : Nous pensons toujours que le moment est propice au dialogue. Le dialogue, la coexistence, le respect mutuel, l'intégration, l'inclusion sont des valeurs auxquelles nous devons tous adhérer à tout moment. Donc, de notre point de vue, tout moment est propice au dialogue. Nul doute que ce moment l'est encore plus. Mais dans tous les cas, cela dépendra de l’attitude du gouvernement espagnol, car de notre côté, il est clair que nous sommes ouverts au dialogue.

Euronews : Mais si le dialogue commence, je voudrais savoir quelles seront vos lignes rouges ?

Oriol Junqueras : Nous ne voulons pas établir de lignes rouges ou donner des chèque en blanc. Nous sommes favorables à la discussion, à la tenue d'un dialogue et à l'explication de notre position. Et je pense qu’il est impératif que toutes les démocraties s’efforcent d’écouter l’opinion de la force majoritaire, en l’occurrence en Catalogne. Tout comme l'Europe doit écouter les forces majoritaires dans des pays comme le Danemark, la Slovaquie, l'Irlande, la Finlande ou ailleurs. Ce que nous demandons, c'est que notre opinion soit entendue.

Euronews : Allez-vous abandonner votre unilatéralisme ?

Oriol Junqueras : Nous ne pouvons en aucun cas renoncer à la démocratie, certainement pas. Il est impossible pour nous d’abandonner la démocratie. Et en fait, c’est parce que nous n’abandonnons pas la démocratie que nous sommes en prison. Et nous ne cesserons de défendre la démocratie et le droit des citoyens de voter et de défendre leurs positions civiquement, pacifiquement et démocratiquement. Dans tous les cas, nous avons toujours défendu un projet multilatéral. Parce que dans tout projet politique pertinent, il y a toujours du multilatéralisme. Cela nécessite toujours la participation de nombreuses institutions. Et l'Europe en est un bon exemple. Nous avons toujours appelé les institutions européennes à participer également à ces dialogues multilatéraux.

Euronews : Pedro Sánchez va avoir besoin de vos voix, ou de votre abstention pour devenir président du gouvernement. Vous le soutiendrez ?

Oriol Junqueras : Nous avons toujours dit que nous ne favoriserons jamais, de manière active ou passive, un gouvernement qui inclut l’extrême droite et une droite de plus en plus extrême.

Euronews : Vous vous présentez comme un rempart contre l'extrême droite. Mais beaucoup pensent que le mouvement indépendantiste catalan a été l'une des raisons du succès de Vox, le parti d'extrême droite qui a remporté des sièges dans le parlement espagnol.

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Oriol Junqueras : C'est un argument extrêmement pauvre, car dans ce cas, nous sommes également responsables de la victoire ou de la croissance de l’extrême droite au Danemark, en Finlande, en Hongrie, en France ou en Italie.

Euronews : Mais nous parlons de l'Espagne.

Oriol Junqueras :  Il est évident que nous ne sommes pas responsables de cela.

Euronews : Pour conclure, regrettez-vous l'organisation du référendum d'indépendance et la déclaration d'indépendance de la Catalogne ? Vous sentez-vous responsable de la fracture au sein de la société catalane ? Vous le referiez ?

Oriol Junqueras : Jamais, nous ne le regretterons jamais. Nous ne regretterons jamais de donner une voix démocratique aux citoyens. Nous ne regretterons jamais de défendre la démocratie. Comment pouvons-nous regretter de défendre la démocratie ? Vous regrettez de défendre la démocratie ?

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Euronews :  Vous ne m'avez pas répondu. Vous le referiez ?

Oriol Junqueras : Bien sûr, peut-être n'avez vous pas compris ma réponse, je ne me suis suis peut-être pas exprimé de manière explicite. Ou peut-être que je ne vous dis pas ce que vous voulez entendre.

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