La fronde anti-climat, nouveau cheval de bataille de l'AfD

La fronde anti-climat, nouveau cheval de bataille de l'AfD
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"Nous serions fous de ne pas aborder ce thème", explique au journal Der Spiegel la tête de liste de l'extrême droite allemande aux élections européennes, Jörg Meuthen, "nous nous devons d'aborder les questions qui inquiètent les gens".

Climatosceptique, pro-diesel et pro-charbon: le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), à l'image de beaucoup d'autres mouvements nationalistes en Europe et dans le monde, cherche désormais à séduire de nouveaux électeurs en surfant sur la vague de défiance envers le changement climatique.

Né dans la contestation de l'euro, le mouvement a dynamité le monde politique national et ébranlé la chancelière Angela Merkel avec son discours anti-immigration.

Maintenant que les préoccupations à l'égard des demandeurs d'asile tendent à refluer quelque peu dans l'opinion, il ajoute désormais à l'occasion du scrutin pour le Parlement européen une troisième corde à son arc.

"Nous voulons mettre un terme" à la politique de lutte contre le réchauffement climatique, "car elle réduit, sans nécessité, l'accès de chacun à une énergie bon marché", énonce le parti dans son programme pour les élections européennes.

Une ligne qui se veut à contre-courant des manifestations pour la défense du climat de milliers de jeunes Allemands survenues depuis décembre lors des "Fridays for future". Et qui entend s'opposer à la récente décision du gouvernement de mettre fin à l'exploitation du charbon, à l'horizon 2038.

- 'Sainte Greta de Suède' -

Les publications de l'AfD niant le changement climatique sur les réseaux sociaux ont augmenté en conséquence ces derniers mois, indique à l'AFP Stella Schaller, spécialiste du climat chez Adelphi, un institut de recherche allemand.

"L'AfD utilise le climat pour ses campagnes électorales, ce qu'elle n'a jamais fait avant. Les électeurs visés sont ceux qui ont peur de l'avenir, des mouvements de transformation", explique-t-elle.

Les "Fridays for future" ont même permis à l'AfD de trouver une cible de choix: Greta Thunberg, cette Suédoise de 16 ans qui s'est imposée ces derniers mois chez les jeunes comme le nouveau visage de la lutte pour le climat.

M. Meuthen lui a attribué un surnom moqueur lors d'un meeting, "Sainte Greta de Suède".

"Je ne veux pas être conspirationniste, mais une telle mode autour d'une fille de 16 ans, il faut la construire, c'est une campagne à grande échelle qui fonctionne", accuse-t-il dans un entretien à l'AFP.

"Je crois que les gens sont de plus en plus conscients que ce que font les écologistes relève de l'alarmisme", poursuit-il, précisant qu'un "appel à l'urgence climatique est un acte d'hystérie".

- 'Sauver le diesel' -

Les attaques de l'AfD fusent également au sujet des mesures concernant le diesel.

Plusieurs villes ont interdit la circulation de vieux véhicules roulant au gazole, jugés trop polluants, déclenchant un fort mouvement de mauvais humeur dans un pays où la voiture est reine.

Plusieurs grands constructeurs automobiles, comme Volkswagen, sont en outre dans le collimateur en raison du scandale du "dieselgate", accusés d'avoir trafiqué leurs moteurs pour artificiellement réduire le niveau des émissions polluantes.

L'AfD vole à leur secours: "sauver le diesel" clame ses affiches dans le pays en vue des Européennes.

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Sur les interdictions de circulation, le parti d'extrême droite juge que "des millions de conducteurs de diesel ont été expropriés" alors que la qualité de l'air dans les villes s'améliore "depuis des années".

Une semaine avant le vote, l'AfD constitue même le parti le plus véhément du Vieux continent aux côtés des extrémistes britanniques du Ukip sur les question environnementales, selon une étude d'Adelphi au sujet des 21 mouvements nationalistes les plus importants en Europe.

Pour étayer ses critiques, l'AfD travaille étroitement avec l'Institut européen pour le climat et l'énergie. Il pratique "une désinformation active" avec des "supposés experts qui n'ont jamais été actifs dans la recherche sur le climat", accuse de son côté Mme Schaller.

Mais le parti ne craint pas de s'opposer au consensus scientifique international sur le réchauffement climatique. Déjà en 2017, la députée Beatrix von Storch blâmait le soleil pour les montées en température des océans. "Nous devrions porter plainte contre", avait-elle ironisé alors.

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