L'Equatorien Richard Carapaz, qui s'est comporté en patron, est à 17 kilomètres de la victoire dans le Giro après la 20e et avant-dernière étape gagnée samedi par l'Espagnol Pello Bilbao.
Carapaz n'a rien cédé à ses adversaires dans la dernière étape de montagne qui arrivait au Monte Avena. Au contraire, il a éloigné un peu plus la menace du Slovène Primoz Roglic, le meilleur rouleur en vue du contre-la-montre final de Vérone.
Roglic a lâché 50 secondes supplémentaires dans les derniers kilomètres. Il a écopé de surcroît d'une pénalité de 10 secondes pour avoir bénéficié sans broncher d'une très longue poussette de la part d'un supporter lors d'un final tumultueux, sur les routes étroites et ensoleillées du Croce d'Aune.
Le Colombien Miguel Angel Lopez, le porteur du maillot blanc de meilleur jeune, a giflé à plusieurs reprises un spectateur indiscipliné qui l'avait fait chuter. L'incident a évidemment fait perdre du temps à Lopez, le chef de file de l'équipe Astana suppléé pour le succès d'étape par son coéquipier Bilbao.
Sur les pentes surchauffées du Monte Avena, la dernière montée du Giro (6,9 km à 7,3 %), Carapaz s'est transformé en équipier pour Landa, qui était le chef de file de l'équipe Movistar au départ du Giro. Dans l'objectif de l'aider à gagner l'étape et surtout reprendre du temps afin d'envisager une place sur le podium final.
Nibali, qui poursuivait le même but, a lui aussi travaillé dans les derniers kilomètres. Le "Squale", distancé avec Roglic sur le haut du col le plus dur (Passo Manghen) avant de revenir dans la descente sur le trio Carapaz-Landa-Lopez, avait compris que, sauf miracle, il ne pourrait pas mettre en danger le porteur du maillot rose pendant cette longue journée, la dernière en altitude.
- Landa se fait surprendre -
"Les Movistar allaient très fort, ils étaient encore quatre dans le final", a expliqué ensuite l'Italien qui, par ses talents de descendeur, est parvenu à revenir sur Landa après l'attaque de l'Espagnol à 12 kilomètres de l'arrivée. Mais sans distancer Carapaz, lui aussi excellent dans l'exercice.
Dans le final, enflammé, le jeune français Valentin Madouas (22 ans), qui termine avec brio son premier grand tour, a entrevu la victoire. Parti à l'avant dans l'avant-dernière montée, il n'a été repris qu'aux 4 kilomètres.
Lancé par Carapaz, Landa a échoué à conclure. Le Basque s'est fait surprendre dans le dernier virage par Bilbao, l'un de ses compatriotes, déjà vainqueur de la 7e étape à L'Aquila.
"Cette deuxième victoire est encore meilleure que la première car c'est une grande étape de montagne", s'est réjoui Bilbao (29 ans). Pour consolation, Landa a pris la 3e place du classement, mais avec une courte avance de 23 secondes sur Roglic.
"Nous avons essayé de gagner l'étape avec Mikel", a confirmé Carapaz, peu troublé par l'accolade entre Nibali et Landa après l'arrivée. "C'est un beau geste de la part de Vincenzo par rapport à ce qu'on a fait. Lui aussi avait intérêt à prendre du temps à Roglic".
L'Equatorien, qui s'apprête à être le deuxième coureur andin à gagner le Giro (après le Colombien Nairo Quintana en 2014), s'est dit très confiant avant la dernière étape: "Même si tout peut arriver dans le dernier contre-la-montre, je crois que 1 min 54 sec sur Nibali est suffisant."