Les citoyens européens disent mieux vivre en Écosse qu'en Angleterre (étude)

Les citoyens européens disent mieux vivre en Écosse qu'en Angleterre (étude)
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Par Lindsey Johnstone
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Ils sont 221 000 citoyens de l'Union européenne à vivre actuellement en Écosse et ils s'y sentent bien. Mieux qu'en Angleterre, affirme une étude publiée pourtant par une université anglaise, celle de Birmingham. Le Brexit n'y est pas pour rien !

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Les ressortissants de l'Union européenne se sentent mieux accueillis et plus en sécurité en Écosse qu'en Angleterre : c'est ce qu'a révélé une étude publiée par l'Université de Birmingham s'appuyant sur de nombreux témoignages des 221 000 citoyens qui vivent actuellement sur le territoire écossais; ces derniers font confiance au message toujours rassurant de la Première ministre, Nicola Sturgeon, à la tête du Parti national écossais.

Je veux profiter de l'occasion pour m'adresser directement aux citoyens d'autres pays de l'UE vivant ici en Écosse : vous restez les bienvenus, l'Écosse est votre patrie et votre contribution est précieuse

Voici ce qu'avait déclaré Nicola Sturgeon le 24 juin 2016, lorsque l'Écosse s'était réveillée en découvrant que, malgré son vote de 62% en faveur du maintien dans l'Union, elle devait quitter le bloc européen avec le reste du Royaume-Uni.

L'Écosse est la seule des quatre entités du Royaume-Uni où pas une seule circonscription n'a voté en faveur du Brexit. Dans la capitale, Édimbourg, le pourcentage d'électeurs hostiles à la sortie de l'UE a même été le plus élevé de toutes les villes du Royaume-Uni avec 74,4%. La plus grande ville d'Écosse, Glasgow, a voté contre le Brexit à 66,6%.

L'Université de Birmingham, dont l'étude est intitulée "EU Families in Scotland After the Brexit Referendum" (Les familles européennes en Écosse après le référendum du Brexit), a mené des entretiens avec des citoyens français, allemands, espagnols, portugais, italiens, néerlandais, grecs, roumains, polonais, bulgares, danois, suédois et même britanniques.

Une majorité d'entre eux, selon les résultats de l'enquête, sont satisfaits que le gouvernement écossais ait toujours envoyé des messages positifs sur les migrations et l'Europe en général. Un autre point positif est que les ressortissants de l'UE qui vivent en Écosse ont eu le droit de voter lors du référendum sur l'indépendance en 2014 (voir la photo ci-dessous), alors qu'ils ont été exclus du référendum sur le Brexit en 2016. Le Parti national écossais de Nicola Sturgeon - au pouvoir depuis 2007 - est favorable à l'indépendance mais dit appliquer un "nationalisme civique".

Selon le professeur Nando Sigona, co-auteur de l'étude, directeur adjoint de l'Institute for Research into Superdiversity au sein de l'Université de Birmingham, interrogé par Euronews, la différence entre les messages des gouvernements écossais et britannique sur le référendum de sortie de l'Union européenne était manifeste.

"Le gouvernement écossais a fait passer un message fort en faveur de l'UE avant et après le référendum européen", déclare-t-il. "Les principaux partis au Parlement écossais sont tous pro-UE, y compris l'ancien chef du parti conservateur en Écosse (Ruth Davidson). Le message du gouvernement britannique était beaucoup plus ambigu et les promesses de protéger les droits des résidents européens ont été trahies à plusieurs reprises".

Lindsey Johnstone a demandé à des Européens vivant en Écosse quels étaient leurs sentiments :

Alice Guerard, 38 ans, originaire de Paris, vit à Dunfermline, Fife, au nord d' Édimbourg :

"J'étais en Indonésie quand le vote sur le Brexit a eu lieu. J'ai pleuré toute la soirée, je n'arrivais pas à y croire. J'avais l'impression que le monde entier était devenu fou et que les gens avaient la mémoire très courte. Même quand je vivais à Paris, je me sentais plus citoyenne européenne que française. Vivre en Écosse m'en a rendu fier" (...)

"Je pense que la plupart des Écossais que je connais se sentent profondément liés à l'Europe, et à Édimbourg et à Glasgow, la société est très cosmopolite. Pas seulement européenne mais avec toute la diversité que le monde peut offrir.
 Les différences sont perçues comme bénéfiques" (...)

"La solidarité, la gentillesse que j'ai trouvées ici sont étonnantes. Le Brexit n'a pas du tout changé ce que je ressens en étant ici, j'adore l'Écosse et la plupart des gens ici n'ont pas voté pour le Brexit".

Jan Grüter, 39 ans, originaire d'Allemagne, vit à Finnieston, Glasgow :

"Je pense que les citoyens de l'UE sont les bienvenus ici. Je n'ai eu aucune expérience négative. Je peux comprendre les causes du Brexit, car il y a une inégalité économique accrue dans notre société. Malheureusement, le Brexit ne résoudra pas ces problèmes, et il semble que le pays soit maintenant amèrement divisé" (...)

"Le gouvernement écossais s'est efforcé de réaffirmer que les citoyens de l'UE sont les bienvenus - et sont en fait essentiels pour l'économie écossaise - et il a joué un rôle très constructif. Je pense que le fait que le gouvernement ait été si clair dans son soutien aux citoyens européens m'a fait me sentir mieux ici. Le Brexit m'a en fait plus ouvert à l'indépendance écossaise en tant que mécanisme pour rejoindre l'UE. Après tout, une grande majorité d'Écossais ont voté pour le maintien de leur statut" (...)

"J'ai demandé et obtenu la citoyenneté britannique peu de temps après le référendum du Brexit, de sorte que j'ai maintenant une double citoyenneté. J'ai l'intention de rester, mais je n'exclus pas de retourner en Europe à un moment donné. Je m'inquiète des conséquences économiques et des divisions dans la société".

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