Premier procès d'un policier, il a fallu un an de plaintes de "gilets jaunes"

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Par Joël Chatreau
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Il a fallu un an, et 372 plaintes de "gilets jaunes" pour violences policières, pour aboutir à un premier procès. Un CRS comparaît ce jeudi à Paris pour avoir lancé un pavé sur des manifestants. Cela ne va pas calmer la polémique car au moins 24 personnes ont été éborgnées durant la contestation.

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Les policiers français se sentent-ils le droit de lancer des pavés durant les manifestations de "gilets jaunes" ? Ce CRS-là, en tout cas, a été pris en quelque sorte "en flagrant délit" car il a été filmé lors d'un rassemblement violent le 1er mai dernier à Paris. Et ce qui le distingue d'autres membres des forces de l'ordre soupçonnés d'actes illégitimes, c'est qu'il est le premier à comparaître devant la justice depuis le début de la révolte "jaune", il y a un an. Son procès se tient ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris. Le parquet a requis trois mois de prison avec sursis à son encontre.

Le policier est poursuivi pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique, n'ayant pas entraîné d'incapacité". Sur la vidéo - l'une de celles qui ont tourné en boucle sur les réseaux sociaux -, on le voit, au milieu d'un groupe de CRS et d'autres de ses collègues de la BAC, la Brigade anti-criminalité, en position face à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, dans le 13ème arrondissement de la capitale; il prend son élan puis jette le pavé en direction de protestataires. En revanche, on ne distingue pas où tombe la lourde pierre.

372 plaintes, 109 déjà classées sans suite

Il aura donc fallu attendre une année entière, et 372 procédures enregistrées à la suite de plaintes contre la police - chiffre officiel donné par le ministère français de la Justice - pour que l'une de ces plaintes aboutisse à une comparution. Les victimes et leurs familles sont amères, d'autant plus que 109 dossiers ont déjà été classés sans suite, seulement 29 ont débouché sur l'ouverture d'une information judiciaire. Deux autres procès contre des policiers, pas plus, sont programmés, dont l'un d'ici à la fin de l'année.

Très souvent, l'Inspection générale de la police nationale se voit chargée d'y voir clair dans les faits reprochés à des fonctionnaires - elle a déjà mené plus de 210 enquêtes depuis la montée en puissance de la contestation sociale -, mais le mouvement des "gilets jaunes" ne cesse de lui reprocher de ne pas être impartiale, des affaires sont classées sans suite, point à la ligne !

24 "gilets jaunes" ont perdu un oeil depuis un an

Les blessures de manifestants, ne faisant pas partie des groupes "professionnels" de casseurs qui sèment la violence sur leur passage, sont parfois très graves, laissant des séquelles à vie. Au total, selon le calcul de plusieurs médias, au moins 24 personnes ont été éborgnées en un an de protestation.

Pas plus tard que samedi dernier, place d'Italie à Paris, un homme de 41 ans a reçu un projectile, qui serait une grenade lacrymogène 56 mm, en pleine face; sa compagne a indiqué qu'il avait perdu l'usage de son oeil gauche. Là encore, c'est une vidéo qui a permis de dénoncer et de prouver l'attaque, et c'est la police des polices qui a été saisie de l'affaire.

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