Dans une église italienne, des jeunes boxent pour oublier leur quotidien

Dans une église italienne, des jeunes boxent pour oublier leur quotidien
Par Nathan Joubioux
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Dans le quartier défavorisé de Rione Sanità, des jeunes se retrouvent trois fois par semaine dans une église pour boxer et oublier un peu leur quotidien difficile. Un an après le lancement de ce projet, ils sont 60 à venir régulièrement.

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Dans le quartier défavorisé de Rione Sanità, à l'ouest de Naples, la pauvreté et le taux élevé de criminalité n'offre que très peu de possibilités aux jeunes. Dans les rues, des adolescents en sweats à capuches se disputent et se donnent des coups de poings pendant que les sirènes de police retentissent. Une scène familière dans ce quartier.

C'est pour pallier ce problème que cette église du XVIIe siècle s'est transformé en une salle de boxe. A l'intérieur, des jeunes comme Nico Rodrigues, 21 ans, apprennent ce sport, ses règles et son mode de vie. Des leçons qu'ils emportent avec eux dans leur vie quotidienne.

Je pratique différents sports, mais la boxe est le seul qui me fait sentir en forme, physiquement et mentalement. Et ça me permet d'exprimer mes émotions, que ce soit de la colère ou de la joie.
Nico Rodrigues
Résident du quartier

Parmi les trois principales mafias italiennes, dont la Cosa Nostra en Sicile et la Ndrangheta en Calabre, la région de Naples abrite la Camorra qui encourage les jeunes à s'emparer de la région en étant l'un de ses plus gros employeurs. Selon l'Elaborazione Osservatorio Statistico, le chômage des 15-24 ans était de 39.7 % en 2018 dans cette région.

L'initiative d'un prêtre du quartier

Le père Antonio Loffredo, responsable de cette église depuis 2001, a débuté ce projet il y a un an. Il a, depuis, initié un large éventail d'activités pour les jeunes du quartier. 

Éduquer les jeunes à la résistance, à la résilience, dans un quartier où souvent il n'y a pas d'avenir, c'est vraiment difficile. Nous pensons que lentement - bien sûr nous ne pouvons pas les sauver avec ces expériences - ces expériences sont comme un petit laboratoire, comme de petites graines, il est clair que le problème doit être résolu par ceux qui ont vraiment la responsabilité. Mais on les stimule, en leur disant : "tu peux le faire. Si on peut le faire dans ce quartier, tu peux le faire où tu le souhaites". C'est le message.
Père Antonio Loffredo
Responsable de cette église

Observée par les artefacts religieux, la classe des 8-22 ans est entraînée par 2 policiers, une relation qui a contribué à calmer les tensions hostiles entre les forces de l'ordre et certains jeunes du quartier. Pour Davide Marotta, un habitué de la salle, la décision n'a pas été difficile à prendre. Après avoir vu beaucoup d'amis finir en prison, il s'est consacré à aider les jeunes à tomber dans les cordes plutôt que derrière les barreaux : "Malheureusement, quand j'étais adolescent, nous n'avions pas ces endroits. Si, à l'époque, de telles initiatives avaient été promues, certains de mes amis auraient peut-être suivi une voie différente" continue-t-il. 

Nico Rodrigues et les 59 autres jeunes qui se joignent à la boxe trois fois par semaine à l'église Santa Maria della Sanita, le fait d'exprimer leurs frustrations sur les sacs et d'être sauvés par la cloche est une échappatoire bienvenue parmi leur quotidien difficile dans leur quartier de Rione Sanità.

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