Quinoa, salicorne : les plantes miraculeuses résistantes à la sécheresse et au sel

Quinoa, salicorne : les plantes miraculeuses résistantes à la sécheresse et au sel
Par James O'Hagan
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À l'heure où diverses menaces pèsent sur notre sécurité alimentaire, le Centre international pour l’agriculture biosaline de Dubai cherche à identifier des cultures résistantes aux conditions les plus sévères et élabore des solutions prometteuses.

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Le changement climatique accélère l'érosion et la salinisation des sols dont l'agriculture a besoin. Renforcer la sécurité alimentaire est un défi gigantesque.

Comment les Émirats arabes unis, en particulier, le relèvent-ils ? Le pays dédie un ministère à ce sujet. Nous avons rencontré celle qui est à sa tête. "Comment faire en sorte que les citoyens d'un pays disposent à tout moment d'une alimentation sûre, suffisante, nourrissante et peu coûteuse ? C'est l'idée qu'il y a derrière toutes les technologies que nous testons dans notre environnement hostile et avec lesquelles nous voulons aider les autres," souligne Mariam Bint Mohammed Almheiri.

"Nous avons le soleil, la mer et le sable et si nous arrivons à faire pousser de la nourriture grâce à ces trois éléments dont on ne manque pas ici, alors nous avons une solution intéressante pour le monde entier," estime la ministre de la sécurité alimentaire des Émirats.

Des solutions simples qui imitent la nature

À Dubaï, le Centre international pour l'agriculture biosaline (ICBA) à Dubaï cherche les types de cultures les plus résistantes et des solutions pour aider les agriculteurs des régions arides à augmenter leur rendement.

"Nous sommes une organisation internationale à but non lucratif, nous fournissons des technologies et des solutions aux pays au plus faible revenu," précise Ismahane Elouafi, directrice générale du Centre, avant d'ajouter : "Nous devons réduire les coûts au maximum pour que les petits exploitants sur place puissent y avoir accès."

Ces solutions sont parfois très simples comme ces écosystèmes d'un coût minime qui imitent la nature.

Dionysia Angeliki Lyra, agronome spécialiste des plantes halophiles au sein du Centre, nous présente "un système qui mélange l'agriculture et l'aquaculture. On veut savoir," explique-t-elle, "comment fournir aux communautés des systèmes qui apportent beaucoup de nutriments et qui résistent au climat. On a le poisson qui délivre un apport intéressant en protéines, on a les légumes et on a ces plantes très tolérantes au sel qui peuvent avoir différents usages," énumère-t-elle.

Nouvelles technologies

Les toutes dernières technologies comme ces drones sont aussi appelées en renfort.

Ali Elbatty, scientifique spécialiste des drones et de la télédétection au centre ICBA, nous présente celui qu'il utilise pour observer les cultures depuis les airs : "Cela nous permet d'évaluer les caractéristiques du sol, la déclivité du terrain, sa topographie, etc. pour comprendre le système de drainage, d'irrigation," dit-il.

"On peut observer les plantes et le sol en même temps, avec une précision de 2 centimètres ; donc, on peut voir la moindre petite graine !" assure-t-il. 

30.000 espèces végétales comestibles, 150 consommées

Identifier des cultures qui offrent des rendements garantis dans des environnements salés, chauds et secs est crucial. Et c'est là que la banque de gènes entre en jeu.

"Il y a environ 400.000 espèces végétales sur Terre : 30.000 d'entre elles sont comestibles, mais aujourd'hui, dans notre système alimentaire, on n'utilise que 150 cultures différentes," fait remarquer Seta Tutundijan, directrice de programmes au sein d'ICBA.

"Donc l'idée, c'était de collecter toutes ces semences, de les analyser et de voir celles qui pourraient être utilisées pour renforcer notre sécurité alimentaire," poursuit-elle.

"Au départ, on faisait cela pour les climats désertiques, mais aujourd'hui, avec le réchauffement et le changement climatique, de plus en plus d'environnements auront ces caractéristiques," prévient-elle.

Les vertus du quinoa et de la salicorne

Une culture en particulier a attiré l'attention des chercheurs : "C'est le quinoa, les Mayas l'appelaient la graine miraculeuse," indique la directrice générale Ismahane Elouafi. "Nous l'avons introduit facilement dans une dizaine de pays nous-mêmes : au Yémen, en Jordanie, en Égypte, au Maroc, en Tunisie et dans de nombreux autres pays," se félicite-t-elle.

Seta Tutundijan, directrice des programmes, renchérit : "Le quinoa vient d'Amérique latine, mais il présente des propriétés très particulières qui lui permettent de résister à des niveaux élevés de salinité. Il supporte la sécheresse - pour pousser, il lui faut environ deux fois moins d'eau que le blé ou l'orge - et il est très nutritif," complète-t-elle.

Et il n'y a pas que le quinoa : la salicorne pourrait être encore plus miraculeuse puisqu'elle peut être irriguée avec l'eau de mer. "La salicorne est une plante fascinante" aux yeux de l'agronome Dionysia Angeliki Lyra. "Elle peut pousser dans des environnements désertiques et elle peut même être irriguée uniquement avec l'eau de mer," déclare-t-elle. "Des études sont aussi en cours pour déterminer le potentiel des graines de salicorne pour produire du biocarburant," fait-elle savoir.

Pour ce Centre de recherche, la réponse au défi de notre sécurité alimentaire est claire : c'est la biodiversité.

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Le 20 et 21 novembre à Dubaï, le Centre international pour l'agriculture biosaline (ICBA) a organisé en collaboration avec les autorités locales et différents partenaires, le "Global Forum on innovations for marginal environments" qui coïncide avec le vingtième anniversaire du Centre cette année. Son objectif : mettre en avant les politiques exemplaires et développer des solutions innovantes pour atténuer l'impact du changement climatique et donner davantage de ressources aux petits exploitants qui sont en première ligne de la production alimentaire.

Lors du Forum, plus de 300 spécialistes et décideurs politiques venus d'environ 70 pays ont exploré les dernières avancées en matière de recherche, innovation et politique dans l'agriculture et la production alimentaire au sein des environnements marginaux dans lesquels vivent aujourd'hui 1,7 milliards de personnes dans le monde dont 70% sont en situation de grande pauvreté.

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