Prise en charge des sans-abri : la Finlande, élève modèle en Europe

Migrant sans-abri à Paris, le 6 novembre 2019. Image d'illustration
Migrant sans-abri à Paris, le 6 novembre 2019. Image d'illustration Tous droits réservés Copyright 2019 The Associated Press. All rights reservedFrancois Mori
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

🇫🇮 Prise en charge des sans-abri : la Finlande, élève modèle en Europe.

PUBLICITÉ

D'après le centre finlandais de financement et de développement du logement, plus de 18 000 personnes étaient considérées comme sans-abri dans le pays en 1987. Un chiffre tombé à 7 000 en 2016 avec une part importante de personnes vivant occasionnellement avec des amis ou de la famille.

La Finlande fait figure d'exception en Europe, où l'accès au logement pour tous reste un problème insoluble. Euronews tente de savoir comment ce pays nordique a pris le sujet à bras-le-corps.

Fournir un logement

Cela semble être une solution évidente au problème des sans-abri. Il existe cependant des nuances dans la politique de la Finlande.

Dans de nombreux pays, les sans-abri ne reçoivent généralement un logement qu'après avoir résolu les problèmes qui ont causé leur mise à la rue, qu'il soient financiers, sanitaires ou liés aux addictions.

Un abri permet de se protéger d'une tempête, mais un logement permet de mener une vie décente.
Juha Kaakinen
Directeur général de la Fondation Y

Helsinki a pourtant décidé d'appliquer une politique de «logement d'abord», qui prévoit l'octroi d'une résidence permanente pour toute personne dormant dans la rue, sans tenir compte des progrès qu'elle a réalisé.

"Un abri permet de se protéger d'une tempête, mais un logement permet de mener une vie décente" estime Juha Kaakinen, directeur général de la Fondation Y. "Vous devez avoir un logement, c'est votre droit humain fondamental et vous pouvez alors commencer à résoudre les problèmes avec l'aide de professionnels si nécessaire."

Se débarrasser des refuges pour sans-abri

La Finlande a massivement augmenté son parc de logements pour aider les gens à sortir de la rue. Parallèlement, le nombre de refuges pour personnes sans-abri a fortement baissé.

En 2008, Helsinki comptait 558 auberges et refuges. En 2016, il n'y en avait que 52. Au cours de la même période, le nombre de logements sociaux et d'appartements locatifs indépendants dans la capitale finlandaise est passé de 2 585 à 3 742.

«Le logement est devenu assez cher», explique Freek Spinnewijn, directeur de la Fédération européenne des organisations nationales travaillant avec les sans-abri (FEANTSA). "Les gens ont tendance à penser que le logement est en sous-effectif et donc bon marché. Mais si vous êtes dans un refuge, vous êtes plus susceptible d’être en contact avec les services pénitentiaires, la police et la justice. S'ils sont dans un refuge, ils accumuleront des problèmes de santé, puis attendront que ce soit insupportable et se retrouveront dans des hôpitaux d'urgence ou des soins psychiatriques d'urgence, ce qui est très cher. Ces services pourraient ne pas vouloir libérer les gens parce qu’ils savent qu’ils iront dans la rue. Ils prolongent donc artificiellement leur séjour dans des services très chers.Donc, si vous prenez tous les coûts - dans les pays avec des systèmes d'abris de haute qualité - fournir un logement a priori engendre un coût similaire, voire moindre.»

Estimer le coût d'un logement pour sans-abri

"Il est difficile de faire une analyse coûts-avantages, mais si vous parlez avec les Finlandais, ils vous diront qu'avec le temps ce n'est certainement pas plus cher" d'après Freek Spinnewijn. "Mais vous avez besoin d'investissements supplémentaires pour faire la transition de refuge à logement."

"Certains résultats montrent que lorsqu'un sans-abri obtient un logement social convenable, les économies pour la société sont de 15 000 € par personne et par an" ajoute Freek Kaakinen, dont la fondation a travaillé avec des villes finlandaises pour éradiquer le problème.

"Quiconque fait un peu de recherche sait que cela peut être fait. Ce n’est pas un problème d’argent car cela permet d’économiser de l’argent pour la société. Ce n'est pas trop cher."

Obtenir un soutien à long terme du gouvernement

"Il y a eu un large consensus politique" d'après Freek Kaakinen. Ce soutien des autorités a été, selon lui, l'une des raisons principales du succès de la Finlande.

"Nous ne voulons laisser personne de côté de la société. La Finlande est un petit pays, nous avons donc besoin que tout le monde soit impliqué dans la société" explique-t-il. Le pays a pris au sérieux la lutte pour les sans-abri en 2008 et les changements de gouvernements n'ont pas entamé cette politique.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Maxime, livreur de repas pour les sans-abri pendant la crise du Covid-19

En Finlande, une Première ministre de 34 ans et douze femmes au gouvernement

La Finlande garde ses frontières fermées avec la Russie