L’éditrice française Vanessa Springora publie "Le Consentement", dans lequel elle raconte sa relation avec l'écrivain sulfureux Gabriel Matzneff, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Une relation d’emprise avec un homme presque quinquagénaire à l'époque.
Le livre de Vanessa Springora paraît aujourd’hui mais il secoue depuis plusieurs jours déjà le monde littéraire et les réseaux sociaux. Dans "Le Consentement", l’éditrice française de 47 ans, raconte sa relation avec l'écrivain sulfureux Gabriel Matzneff, alors qu’elle était encore une toute jeune fille. Une relation sous emprise, au milieu des années 80. Elle n’avait que 14 ans, lui était presque quinquagénaire et ne cachait ni son attirance pour "les moins de 16 ans" (NDLR : titre de l'un de ses livres) ni pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie. Des thèmes largement évoqués dans ses livres ou sur les plateaux télévisés de l’époque.
Lauréat du Renaudot essai 2013, l'écrivain âgé aujourd'hui de 83 ans a longtemps été une figure prisée du milieu littéraire, invité à la télévision pour s'épancher, sans trop choquer, sur ses attirances sexuelles, comme l'illustre une séquence d' "Apostrophes" avec Bernard Pivot, devenue virale sur les réseaux sociaux et qui fait scandale près de trente ans après sa diffusion. Sur le plateau, à l'exception de l'écrivain québécoise Denise Bombardier, personne ne réagit.
L'ancien animateur de l'émission littéraire assure aujourd'hui regretter de ne pas avoir eu "la lucidité" et "la grande force de caractère" nécessaires pour se "soustraire aux dérives d'une liberté dont s'accommodaient tout autant [ses] confrères de la presse écrite et des radios."
"L'hypocrisie de toute une époque"
30 ans plus tard, Valérie Springora brise donc le silence. Elle dénonce les "dysfonctionnements" des institutions et "l'hypocrisie de toute une époque". 30 ans plus tard, ses révélations font s'entrechoquer deux mondes et deux regards sur la pédophilie. Son livre paraît dans un contexte de dénonciation des violences sexuelles. Le ministre de la Culture Franck Riester a dit apporter son soutien à toutes les victimes rappelant samedi que "l'aura littéraire n'est pas une garantie d'impunité".
Gabriel Matzneff, encore chroniqueur aujourd'hui au site du Point sur la spiritualité et les religions, n'a jamais été condamné par la justice. Sollicité via son éditeur, il n'a pas souhaité répondre à l'AFP. Dans un message à l'Obs, il fait part jeudi de sa "tristesse" au sujet d'un "ouvrage hostile, méchant, dénigrant, destiné à [lui] nuire".
Le livre de Vanessa Springora secoue le monde littéraire et bien au-delà. Il relance aussi le débat sur un âge minimal de consentement aux relations sexuelles.