En Espagne, les données météorologiques historiques offrent une perspective unique aux scientifiques pour étudier le changement climatique.
Les dernières données disponibles permettent d'affirmer que 2019 fut l'année la plus chaude jamais enregistrée en Europe. Les températures ont été supérieures de plus d'1,2°C par rapport à la moyenne de 1981-2010.
La canicule estivale a battu des records de températures au niveau national à travers l'Europe occidentale. Nous avons vu 38,7°C au Royaume-Uni, 42,6°C en Allemagne et 46°C dans le sud de la France. Des records de température ont également été battus au Luxembourg, en Belgique et aux Pays-Bas.
Dans une vue d'ensemble, force est de constater que 2019 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Toutes les zones du globe ont connu des températures plus chaudes que la moyenne (en rouge sur la carte ci-dessous), à l'exception du Canada ainsi que certains secteurs maritimes.
Qu'est ce que cela signifie pour les prochaines décennies ?
Le professeur Peter Thorn de l'université de Maynooth en Irlande pose un constat sans appel : "les années plus chaudes se réchauffent, les années plus froides se réchauffent aussi, donc tout change".
"Il y a des recherches intéressantes, par exemple, montrant que ce qui était peut-être typique au début des années 2000 sera considéré comme froid dans les années 2030 et 2050, et ce qui était considéré comme anormalement chaud sera considéré comme normal sur ce type d'échelle de temps. Donc, tous les indicateurs évoluent progressivement à la hausse" explique-t-il.
Utiliser les données historiques pour étudier le réchauffement climatique
Alors que toutes les tendances rapportées dans Climate Now sont basées sur des données collectées par des appareils numériques sophistiqués, y compris des satellites, les archives historiques permettent également d'avoir un aperçu de l'évolution des températures terrestres.
En Espagne, l'Observatoire de l'Ebre, fondé en 1904, détient des archives très précieuses de données météorologiques, collectées même pendant la guerre civile espagnole. Des relevés "de la fin 1937 au début 1938" y sont conservées, à l'époque ou il y avait "des bombardements tout autour de l'observatoire" confie le gardien des archives Germán Solé.
L'analyse des enregistrements effectuée par le scientifique Pere Quintana Segui montre qu'il y a actuellement toujours la même quantité de pluies dans cette région, mais que les périodes de sécheresse sont plus longues. Les données révèlent également que les événements extrêmes comme les vagues de chaleur sont maintenant plus fréquents qu'il y a un siècle.
"Avant, vous pouviez avoir des épisodes extrêmes, mais ça ne veut pas dire que le climat était le même qu'aujourd'hui' explique Pere. "Des gens comme mon père disaient : "Oui, vous voyez, ce genre de chose se produisait avant"."Oui, avant, ça arrivait tous les 25 ans, et maintenant, c'est tous les 5 ans " dit-il.
Trop peu de données pour affronter les impacts du changement climatique
La climatologue Manola Brunet mène une série d'efforts pour récupérer des données météorologiques mondiales, chose aisée en Europe, mais beaucoup moins dans le reste du monde. "Dans les pays africains, en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est ou dans le Pacifique, pour n'en nommer que quelques-uns, même les informations actuelles ne sont pas transmises en temps réel" explique-t-elle.
"Cela signifie donc que pour une bonne partie de la planète, nous manquons d'informations qui nous permettent d'établir des stratégies d'adaptation aux impacts du changement climatique auxquels nous sommes déjà confrontés" conclut-elle.