Suspension du procès du père Preynat, le prêtre à l'origine du scandale Barbarin

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Par AFP
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A l'origine du scandale qui éclabousse depuis quatre ans l'Eglise de France et le cardinal Barbarin, les abus pédophiles de Bernard Preynat, prêtre tardivement défroqué, doivent enfin être jugés 30 ans après les faits.

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C'est l'affaire dans l'affaire : à l'origine du scandale qui éclabousse depuis quatre ans l'Eglise de France et le cardinal Barbarin, les abus pédophiles de Bernard Preynat, prêtre tardivement défroqué, doivent enfin être jugés 30 ans après les faits.

Initialement prévu de lundi à vendredi devant le tribunal correctionnel de Lyon, le début de ce procès symbole a été décalé à mardi, du fait du mouvement de grève des avocats lyonnais.

Ce procès porte sur des agressions commises voici plusieurs décennies, entre 1971 et 1991, alors que Bernard Preynat officiait comme vicaire-aumônier scout à Sainte-Foy-Les-Lyon (Rhône).

Dix victimes mineures au moment des faits se sont constituées partie civile, en plus d'une poignée d'associations. Les plaignants, des scouts âgés de 7 à 15 ans à l'époque, reprochent essentiellement à cet ex-curé, alors réputé brillant et charismatique, des attouchements, baisers sur la bouche et caresses réciproques contraintes, notamment sur le sexe.

Âgé de 74 ans, l'ex-prêtre a reconnu la plupart des faits devant la police. Il encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.

"C'est l'occasion de clôturer une grosse page de ma vie, j'y vais avec de la curiosité, de la sérénité et je veux surtout être sûr de dire tout ce que j'ai à dire à la barre", explique l'une des victimes, Pierre-Emmanuel Germain-Thill, espérant que Preynat sera aussi transparent que lors des confrontations avec ses victimes.

"Il doit dire vraiment tout ce qu'il a fait, pas pour moi, pour tout le monde, même pour tous ceux qui n'ont pas parlé", poursuit-il.

Briser l'omerta

De multiples signalements de parents, victimes et membres du clergé, avaient déjà conduit Bernard Preynat à admettre ses fautes devant ses supérieurs en 1991, mais l'Eglise s'était alors contentée de l'éloigner discrètement vers d'autres paroisses de la région.

Ce n'est qu'en 2015 que le scandale perce les murs capitonnés de l'institution, lorsque plusieurs anciens scouts aujourd'hui quadragénaires se sont résolus à porter plainte. Dans la foulée, des victimes se regroupent en association, La Parole Libérée, pour "briser l'omerta" et placer la hiérarchie catholique face à ses responsabilités.

Très vite, l'affaire Preynat devient le scandale Barbarin. Primat des Gaules depuis 2002, mis au courant du passé de Preynat, l'emblématique cardinal est pointé du doigt pour ne pas avoir informé la justice et maintenu le prêtre en poste dans le diocèse jusqu'en 2015.

Une procédure de citation directe le conduit à la barre, et au terme d'un procès médiatique marqué par des témoignages douloureux et poignants, l'archevêque est condamné en mars 2019 à six mois de prison avec sursis. Désormais en retrait du diocèse, il attend la décision de la cour d'appel le 30 janvier.

Condamnation certaine

Dans le dossier Preynat, la mise en examen du 27 janvier 2016 concerne des agressions sexuelles commises sur quatre mineurs entre 1986 et 1991. D'autres plaintes se sont ajoutées mais de nombreux faits ont dû être écartés car prescrits.

L'enquête a révélé que ce titulaire d'un CAP de cuisinier, ordonné en 1971, avait perpétré ses premières agressions contre des enfants dès l'âge de 17 ans, alors qu'il était moniteur de colonie de vacances en 1962. L'intéressé soutient qu'il a cessé ces abus au début des années 1990, des faits postérieurs ont été signalés mais l'enquête n'en a retenu aucun.

Ayant déjà livré ses aveux aux enquêteurs, la condamnation de Preynat ne fait pas de doute, admet son avocat Frédéric Doyez. "La seule question, c'est la peine qui sera prononcée, en fonction des faits qui seront établis au procès", a-t-il relevé, en décrivant "un homme terriblement seul et isolé qui vit avec une petite retraite".

Sur consigne du Vatican, le curé a été interdit de tout ministère pastoral après sa mise en cause, mais il a pu célébrer des messes en privé jusqu'en mars 2018. Et ce n'est que l'été dernier qu'un tribunal ecclésiastique lui a asséné sa première véritable condamnation en l'excluant définitivement de l'Eglise.

Une sanction "contrainte" et bien tardive aux yeux de François Devaux, partie civile au procès et cofondateur de "La Parole Libérée".

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