Brexit : Boris Johnson veut un pont entre l'Irlande du Nord et l'Écosse

Photo d'illustration : Le pont de l'Øresund entre la Suède et le Danemark, le 12 novembre 2015.
Photo d'illustration : Le pont de l'Øresund entre la Suède et le Danemark, le 12 novembre 2015. Tous droits réservés ERLAND VINBERG / TT NEWS AGENCY / AFP
Par Vincent Coste
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Le projet, à peine lancé, crée déjà la polémique. Son financement via de l'argent public, la complexité de sa réalisation et les milliers de munitions dormant au fond de la mer d'Irlande sont autant d'obstacles pour cet ouvrage qui devrait, en théorie, atteindre plus de 30 km de long.

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Depuis hier, la presse britannique se passionne pour un projet tout à fait sérieux porté par le Premier ministre, Boris Johnson himself, celui de relier l'Irlande du Nord à l'Écosse par... un pont ! L'idée semble, pour le moins, saugrenue, mais elle prend une certaine résonance après avoir pris en compte le "futur" de l'Irlande du Nord, qui devrait être maintenue dans une forme d'union douanière avec l’Union européenne, n'en déplaise aux Brexiters locaux. Faisant fi du fameux "backstop" de Theresa May, l'accord de Brexit prévoit toutefois l'instauration, sur certains produits, d'une frontière en mer d'Irlande entre l'Ulster et le reste du Royaume-Uni.

De facto, Belfast sera toujours symboliquement coupée de Londres. Cette très bonne idée, selon Boris Johnson qui l'avait déjà évoquée l'année dernière, permettrait donc de renforcer l'union "physique" entre les différentes nations composant le Royaume-Uni.

Le projet coûterait, selon le Premier ministre britannique, 15 milliards de livres, soit plus de 17,7 milliards d'euros. L'objectif serait de relier Larne, en Irlande du Nord, à Portpatrick, en Écosse. Ce pont de plus de 30 km de long serait multimodal, il pourrait être emprunté aussi bien par des voitures que des trains.

Mais voilà, l'idée est loin de faire l’unanimité. Le pont serait financé grâce à de l'argent public, ce qui fait grincer certaines dents outre-Manche. Le prix lancé par Boris Johnson semble loin de la réalité, selon des experts interrogés par le quotidien The Guardian.

De plus, certaines contraintes géographiques rendent l'infrastructure plutôt hypothétique et des plus compliquées d'un point vue ingénierie. En effet, sous le tracé du pont, se trouve la fosse de Beaufort où la profondeur de la mer d'Irlande atteint plus de 300 mètres.

Cela dit, rien n'est impossible pour les partisans du projet qui citent en exemple le pont de l'Øresund (photo d'illustration) qui relie le Danemark à la Suède, via Copenhague et Malmö. Cet ouvrage est composé d'un pont stricto sensu, d'une longueur de plus de 7km, d'une île artificielle et d'un tunnel de plus de 4 km.

Autre écueil avancé, la possibilité de faire des découvertes pas spécialement "sympathiques" au fond de la fameuse fosse. Pratiquement un million de tonnes de munitions obsolètes de la Seconde Guerre mondiale avaient été ainsi englouties sous ces eaux.

Enfin, imaginons que ce pont voie vraiment le jour. Que se passerait-il si l'Écosse organisait un second référendum de sortie du Royaume-Uni ? Et que le résultat se soldait par un divorce ?

Les ponts, une lubie pour le Premier ministre britannique ?

Boris Johnson, alors secrétaire d'État britannique aux Affaires étrangères, avait déjà proposé de construire un pont. Mais, cette fois-ci, il n'était pas question d'Irlande du Nord et d'Écosse, mais d'Angleterre et de France. Il avait suggéré cette idée, un pont de 35 km au-dessus du "Channel", à Emmanuel Macron, lors d'une rencontre entre les deux hommes pendant un somment franco-britannique. "Bojo" avait défendu son idée en expliquant qu'il était "ridicule" que deux des plus grandes économies mondiales ne soient reliées que par une seule ligne de chemin de fer.

Mais pas au point d'être monomaniaque...

Lorsqu'il était maire de Londres, Boris Johnson s'était en effet battu pour imposer une autre de ses idées, à savoir créer un nouvel aéroport dans la capitale britannique sur l'estuaire de la Tamise. Le projet, baptisé "l'île de Boris", par ses compatriotes avait été retoqué en 2014 par les autorités compétentes, même si l'actuel locataire du 10 Downing Street avait tenté de le ranimer quelques années plus tard.

Sources additionnelles • The Guardian, BBC

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