Coronavirus : des migrants livrés à eux-mêmes sur l'île de Lesbos

Livrés à eux-mêmes : c'est sans doute les mots qui résument le mieux la situation à laquelle sont confrontés ces migrants afghans venus de Turquie, sur l'île grecque de Lesbos.
Un camp de fortune, quelques couvertures... et une longue attente en vue pour ces migrants installés dans des conditions plus que précaires.
En pleine pandémie de coronavirus, la Grèce a mis en place, comme les autres pays européens, de strictes mesures de confinement et de protection de la population. Des mesures dont ces migrants se disent exclus.
"Ils ont dit qu'à cause du coronavirus, nous devions rester ici 14 jours", raconte cet Afghan. "Nous sommes 56 personnes ici (...) et ils ne nous ont pas donné de gants et ils ne nous ont pas donné de masques."
Un manque de matériel de protection qui les rend plus vulnérables encore face à la propagation du coronavirus.
Jeudi, l'organisation humanitaire Oxfam a appelé la Commission européenne à agir contre la Grèce si ce pays continue à violer "les droits fondamentaux" et le droit de l'octroi d'asile prévu par les lois européennes et internationales.
Le Parlement grec a en effet voté en faveur d'une ordonnance adoptée par le gouvernement le 1er mars, qui suspend le droit d'asile pour un mois et prévoit le refoulement des demandeurs d'asile.
A la frontière gréco-turque, la crise du coronavirus change la donne
Il y a un mois, le président turc Recep Tayyip Erdogan annonçait l’ouverture de ses frontières pour laisser passer des dizaines de milliers de migrants vers l'Europe, afin de faire pression sur les Européens dans le conflit qui l'oppose en Syrie au régime de Bachar el-Assad et son allié russe.
Mais la crise du coronavirus a quelque peu changé la donne. Selon une agence de presse turque, les migrants massés près du poste frontalier grec de Kastanies ont été transférés vers des installations en Turquie, où il resteront en quarantaine afin de garantir qu'ils ne soient pas contaminés par le virus,.
Le Premier ministre grec a souligné que les militaires et les policiers grecs resteraient sur place et que la clôture le long de la frontière serait "renforcée".
"Un chapitre est peut-être clos mais la bataille continue", a encore déclaré Kyriakos Mitsotakis. "Le dispositif humain et technologique présent à Kastanies y restera pour garantir la protection des frontières afin que personne ne puisse faire chanter l'Europe et la Grèce, comme certains avaient tenté de le faire".