Les spécialistes appellent les patients à reprendre le chemin des consultations et des services d'oncologie.
Alors que les rues de Londres recommencent à s'animer, des scientifiques et professionnels de santé s'inquiètent d'un corollaire de l'épidémie de Covid-19 : les autres maladies graves non diagnostiquées. D'après une étude parue fin avril, faute de diagnostics, le nombre de décès liés au cancer pourrait augmenter de 20 % au Royaume-Uni sur une année. Pour le professeur Clare Turnbull, de l'Institute of Cancer Research, les réticences des patients à consulter sont bien compréhensibles.
« Tout d'abord, il a été demandé aux patients de protéger le NHS (système de santé britannique) quand ils ont des symptômes dont ils pensent qu'ils peuvent attendre, explique-t-elle. Et d'un autre côté, ils sont aussi terrifiés à l'idée de se rendre au cabinet de leur généraliste ou d'être envoyés à l'hôpital parce qu'ils craignent – à juste titre – que les hôpitaux soient des endroits où l'incidence des contaminations est plus élevée. »
La mobilisation des médecins et des hôpitaux pour faire face à la pandémie dans l'un des pays d'Europe les plus touchés et la désertion des patients risquent d'avoir un effet boomerang : un afflux massif dans les services d'oncologie au cours des prochains mois.
« Le NHS parvient raisonnablement bien actuellement à gérer le flux des patients, assure Clare Turnbull. Mais c'est parce que les patients sont restés à la maison. La plupart des hôpitaux s'en sortent raisonnablement bien en termes de chirurgie et de diagnostics malgré toutes les difficultés, mais beaucoup d'entre nous pensent que le plus dur est à venir. »
Une inquiétude que partagent de grands noms de la médecine. Des spécialistes du cancer en Angleterre ont publié une déclaration commune avec de grandes associations de lutte contre le cancer. Elle encourage les personnes ayant une grosseur, un grain de beauté suspect ou tout autre symptôme les inquiétant, à prendre contact avec leur généraliste, et rappelle que des pôles spécialisés restent opérationnels et prêts à les accueillir.