Beyrouth s'embourbe, la crise économique devient dramatique et rien ne bouge

Beyrouth s'embourbe, la crise économique devient dramatique et rien ne bouge
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Par Léa Fayed, Sandrine Delorme
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La journaliste libanaise Lea Fayad est allée à la rencontre des habitants de Beyrouth, désespérés par l'inaction du gouvernement et la situation économique de leur pays.

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"Aidez-nous à vous aider, bon sang!" clamait le 8 juillet le chef de la diplomatie française à l'adresse des autorités libanaises... Mais Beyrouth s'embourbe, n'engage pas de réformes et reste atone.

Le Liban connaît sa pire crise économique depuis des décennies. La livre libanaise a perdu plus de 85% de sa valeur sur le marché noir au cours des neuf derniers mois, ce qui porte atteinte au pouvoir d'achat des citoyens.

Les prix des marchandises ont explosé, car le Liban importe presque tout : des aliments de base aux produits de luxe. Pénuries de carburant, coupures d'électricité... tout va à vau-l'eau comme l'explique Juliette Bekhaazi, professeure d'anglais :

"Nous n'avons l'électricité que pendant deux heures par jour. Nous sommes obligés de mettre les générateurs et nous n'avons pas toujours de diesel, nous l'obtenons à un prix très élevé, c'est au marché noir. Peut-être que nous serons bientôt dans le noir total. En tant qu'enseignante, mon salaire est minable, je ne peux même pas aller à l'épicerie ; tout est quatre fois plus cher qu'avant."

Tout est quatre fois plus cher qu'avant
Juliette Bekhaazi
Professeure d'anglais

Avec la pénurie de dollars due à la baisse des envois de fonds et des investissements, depuis plusieurs mois, les banques ont imposé des restrictions strictes sur les retraits et les transferts, prenant l'argent des gens en otage.

Vanessa Ghanem, étudiante témoigne :

"Je pense que le système est brisé maintenant. Nos dollars, les miens et ceux de mes parents par exemple, sont bloqués à la banque et nous ne pouvons les retirer qu'en livres libanaises qui ont perdu plus de 80 % de leur valeur sur le marché noir, et elles vont très probablement plonger encore plus."

Ali Moussa, 25 ans, s'est retrouvé obligé de vendre des fruits et des légumes, aux côtés de son père, pour subvenir aux besoins de sa famille. Diplômé en communication et médias, Ali ne rêve maintenant que de quitter le Liban :

"Quiconque a la chance de voyager et de quitter ce pays ne doit pas hésiter, car ce ne sera pas dans un an ou dix ans, que ce pays avancera".

L'effondrement économique s'accélère depuis octobre 2019 et l'avènement durable d'un mouvement de contestation contre des décennies de corruption et de mauvaise gestion des dirigeants politiques. 

L'arrivée d'un nouveau gouvernement en janvier n'a pas changé la donne. Depuis mai, le Liban est en pourparlers avec le FMI pour un plan de sauvetage de plusieurs milliards de dollars, mais conditionné à des réformes, dont celle du secteur bancaire qui freine des quatre fers ; milieux financier et politique étant étroitement imbriqués.

"Les économistes ont averti le Liban, si le gouvernement ne prend pas des mesures urgentes pour rétablir la confiance de la communauté régionale et internationale, le pays entrera dans une longue période d'hyperinflation et de dépression, explique notre correspondante sur place Lea Fayad, et jusqu'à présent, il ne semble y avoir aucun signe de lumière au bout du tunnel."

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