Le tribunal de Hambourg a condamné ce jeudi un ancien garde du camp de concentration de Stutthof en Pologne, âgé de 93 ans et mineur au moment des faits.
Le tribunal de Hambourg a condamné à deux ans de prison avec sursis un ancien garde du camp de concentration nazi de Stutthof en Pologne. Il était mineur au moment des faits.
La Cour a reconnu ce jeudi Bruno Dey, 93 ans, coupable de complicité dans plus de 5 000 meurtres et tentatives de meurtres commis entre 1944 et 1945, soit 75 ans après les faits.
L'accusé, qui assure n'avoir jamais "directement fait de mal à quelqu'un", ni s'être porté volontaire pour devenir SS pendant la guerre, espérait être relaxé. Mais ses arguments ont été rejetés par la juge qui a mis en avant le devoir de "préserver la dignité humaine, quel qu'en soit le coût".
Âgé alors de 17 à 18 ans, l'homme était jugé sur la base de la législation allemande pour mineurs. Sa coopération pendant l'instruction a aussi été prises en compte, ainsi que le temps écoulé depuis la guerre.
"L'accusé a fourni des informations au sujet de ses activités au camp de concentration de Stutthof, sans lesquelles l'enquête du parquet n'aurait jamais pu être menée", a expliqué avant que le verdict soit rendu Nana Frombach, porte-parole du parquet de Hambourg.
Des excuses pour "l'enfer de folie"
Le coupable, qui a été brièvement prisonnier avant de devenir boulanger, routier et concierge, a présenté lundi ses excuses "auprès de ceux qui sont passés par cet enfer de folie". Des remords rejetés par les associations de victimes.
Entre août 1944 et avril 1945 dans les derniers instants de la seconde guerre mondiale en Europe, Bruno Dey était posté sur les miradors du camp de Stutthof et avait pour devoir d'empêcher toute révolte ou fuite.
Au total, quelque 65 000 personnes, essentiellement des Juifs des pays baltes et de Pologne, sont mortes dans ce camp, exécutés ou de faim et d'épuisement.
Il pourrait s'agir du dernier procès mettant en accusation un acteur vivant du IIIe Reich. Plusieurs instructions sont encore en cours mais les personnes visées par les enquêtes ont tous un âge très avancé.