Coronavirus : au coeur d'un service de réanimation français qui se prépare à la deuxième vague

Au coeur d'un service de réanimation lyonnais qui se prépare à la deuxième vague de coronavirus
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Par Guillaume Petit
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Alors que le nombre de cas augmente dangereusement, les hôpitaux français se sont préparés à l'éventualité d'une deuxième vague. Mais qu'ont-ils appris par rapport à la première ? Et que feront-ils de différent cette fois ?

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Alors que le nombre de cas de coronavirus augmente dangereusement en France, les hôpitaux se sont préparés à l'éventualité d'une deuxième vague. Mais qu'ont-ils appris par rapport à la première ? Et que feront-ils de différent cette fois ? Euronews s'est rendu dans un service de réanimation d'un grand hôpital de Lyon, qui accueille un nombre croissant de patients. Reportage.

Débordés par le Covid-19 et pris par surprise au printemps, les hôpitaux français sont-ils prêts à réagir cette fois, face à la seconde vague de coronavirus ? Cette question lancinante, les médecins et personnels soignants des Hospices civils de Lyon se la posent depuis plusieurs semaines déjà.

En plein coeur de l’été, le service de réanimation de cet hôpital de Lyon a observé le début d’une recrudescence, avec d’abord des cas de Covid-19 venant de l’étranger. Puis dès la fin du mois d’août, ce sont des habitants de la région qui ont afflué. Dans cette unité de l'hôpital Edouard Herriot, près de la moitié des lits sont déjà occupés. Le plus jeune patient a 36 ans.

Car la seconde vague semble ne pas être totalement identique à la première. "Ce qui est sûr c'est qu'il y a plus de patients jeunes atteints de la maladie actuellement donc nous avons tendance à avoir plus de patients jeunes en réanimation", explique Laurent Argaud, chef du service médecine intensive-réanimation de l'hôpital Edouard Herriot à Lyon.

"Ce qui est sûr c'est qu'il y a plus de patients jeunes atteints de la maladie actuellement"
Laurent Argaud
Chef de service médecine intensive-réanimation à l'hôpital Edouard Herriot de Lyon

Mieux préparés, mais avec la crainte d'être submergés

Mais six mois après la première vague, le retour d'expérience a été bénéfique. "Nous avons appris de cette maladie", souligne Laurent Argaud. "Nous sommes inquiets d'être submergés par cette seconde vague mais nous sommes mieux préparés car nous avons déjà vu ces patients au printemps et nous savons à quoi nous attendre".

Mieux préparés, les Hospices civils de Lyon disent l’être, avec des stocks de matériel médical et de protection prévus pour tenir au moins 10 semaines et une augmentation de quelques dizaines de lits de réanimation. Dès la fin du confinement, l’hôpital a commencé à préparer un "plan de rebond" dans l'éventualité d'une recrudescence

Une situation qui rassure quelque peu les soignants, pris par surprise au printemps dernier, même si l’incertitude perdure. "On reste quand même juste avec cette crainte d'être dépassés car nous ne savons pas combien de patients vont arriver et à quel point la deuxième vague sera importante, donc il y a toujours des doutes et une tension qui persistent", souligne cette infirmière, qui avoue néanmoins se sentir elle aussi mieux préparée cette fois.

Que disent les indicateurs ?

Prévoir et anticiper, c’est justement le travail de la cellule de suivi mise en place par les Hospices civils de Lyon. Elle surveille les principaux indicateurs de la pandémie au quotidien : le taux d’incidence - la proportion de la population touchée par le Covid-19. Celui-ci est au moins deux fois supérieur à la moyenne nationale (environ 75/100 000 habitants début septembre) dans les grandes villes comme Paris, mais aussi dans le Rhône, où se trouve Lyon et dans les Bouches du Rhône, avec Marseille.

La hausse des cas recensés est en partie liée à la campagne de dépistage à grande échelle lancée par le gouvernement français. Mais le taux de positivité des tests connaît lui aussi une hausse ces dernières semaines, encore plus importante dans les départements cités ci-dessus, ce qui témoigne d'une réelle recrudescence du virus.

Autre indicateur observé attentivement : les courbes du nombre d'appels au SAMU, du nombre des hospitalisations et des patients COVID+ en réanimation. Toutes remontent légèrement en France depuis plusieurs semaines. Mais elles restent loin des niveaux observés au plus fort de la crise.

"Le système de santé ne réagira pas de la même façon"
Raymond Le Moign
Directeur général des Hospices civils de Lyon

Une situation dite "maîtrisée" qui pousse les hôpitaux de Lyon à aborder cette recrudescence quelque peu différemment. "Ce n’est pas comparable à ce que nous avons connu", a souligné lors d'une conférence de presse mardi le directeur général des Hospices civils de Lyon Raymond Le Moign. "Le système de santé ne réagira pas de la même façon", a-t-il expliqué. Il n'y aura, pour l'heure, "pas de déprogrammations massives des opérations non-Covid-19".

Si le nombre de cas augmente, c’est dans des proportions qui n’ont rien à voir avec le printemps dernier, ont résumé les spécialistes interrogés à Lyon. "Mais cette dynamique pourrait devenir exponentielle et conduire à un besoin de réanimations très élevé, si rien n'est fait", a souligné le virologue Bruno Lina, surtout en décembre et en janvier, selon des projections de l'Inserm exposées lors de la conférence de presse. Les cliniciens ont donc insisté sur la nécessité de maintenir les règles barrières au sein de la population, afin d'éviter une nouvelle catastrophe.

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