Covid-19 : comment le monde de la nuit fait-il pour survivre aux restrictions à Madrid ?

Après avoir servi à boire pendant deux décennies, Miguel Garcia doit maintenant s'attaquer au plat de résistance. Résister à la pandémie de Covid-19, c'est justement ce que tente de faire ce patron de bar à Madrid.
La nouvelle législation de la capitale autorise les bars sans licence restauration à servir des plats. Miguel s'est donc équipé d'un micro-ondes, d'une chambre froide et d'une machine à hot-dogs.
"C'est une solution à court terme", explique Miguel Garcia, propriétaire du bar "Scalas". "Mais il est toujours compliqué de faire venir les gens seulement pour un casse-croûte, donc cela reste difficile pour nous".
La ville de Madrid compte environ 1 600 lieux de vie nocturne, qui doivent désormais fermer à 23 heures. Antonio Extremera possède déjà une licence pour servir de la nourriture. Il lui a donc fallu s'adapter aux nouveaux horaires d'ouverture autorisés.
Le patron de ce bar a donc décidé d'allonger les horaires d'ouverture pour le déjeuner, dans l'objectif de conserver une partie de son chiffre d'affaires.
"Vous devez connaître la quantité de stock nécessaire car si vous ne le vendez pas, il se perd", souligne Antonio Extremera, propriétaire du bar "Marta Cariño !". "Nous démarrons donc par une petite offre, puis trois plats, et nous élargirons le menu si nécessaire".
Perte de 1,6 milliard d'euros
La Fédération des entrepreneurs de la vie nocturne et du divertissement représente et protège les intérêts des discothèques et des clubs espagnols au niveau national. Elle espère que la nouvelle législation permettra de limiter les pertes d'emplois et d'éviter la fermeture totale des établissements.
Mais contrairement à d'autres pays européens, les aides versées aux entreprises du secteur se font sous forme de prêts. Le remboursement est donc difficile à envisager dans le contexte actuel.
"La demande de remboursement des crédits octroyés aux entreprises du monde de la nuit au début de la crise, en mars dernier, doit être suspendu pendant trois ans", glisse Vicente Pizcueta, porte-parole de la Fédération des entrepreneurs de la vie nocturne et du divertissement. "Nous souhaitons aussi commencer à négocier avec l'administration concernant le paiement de nos loyers", ajoute-t-il.
La Fédération estime que le secteur perdra environ 1,6 milliard d'euros cette année. "La nouvellelégislation__ doit permettre d'éviter que la vie nocturne disparaisse complètement à Madrid à cause de la pandémie", souligne Carlos Marlasca, correspondant d'euronews à Madrid.
Et de conclure : "Mais selon España de Noche, l'organisme qui supervise le secteur, plus de 80 % des bars et discothèques de la capitale pourraient disparaître avant Noël à cause des restrictions".