Il n'y a pas eu d'incidents violents à Washington, comme on pouvait le redouter. Le démocrate Joe Biden a fait son entrée officielle à la Maison Blanche en appelant l'Amérique à l'unité.
C'est une cérémonie d'investiture pas comme les autres qui s'est déroulée mercredi 20 janvier 2021 à Washington. Aucun Américain n'était présent sur le "Mall" - la fameuse esplanade de la capitale -, à cause de la pandémie de Covid-19, mais les incidents violents si redoutés n'ont pas eu lieu. A 78 ans, le démocrate Joe Biden a ainsi pu prêter serment en toute sérénité pour faire son entrée officielle à la Maison Blanche.
Le 46e président des Etats-Unis a appelé ses concitoyens à retrouver leur "unité" dans son discours inaugural prononcé au pied du Capitole ; une allusion directe à la fracture profonde qu'a créé dans le pays son prédécesseur républicain, Donald Trump, à grand renfort de "mensonges prononcés pour le pouvoir et pour le profit", a dénoncé Joe Biden. Le nouveau chef de la nation s'en est d'ailleurs pris directement aux suprémacistes blancs et à ceux qui mènent un "terrorisme intérieur", promettant de les vaincre.
Le président a aussi mis en garde contre une autre ennemie, l'épidémie de Covid-19 qui, selon lui, pourrait entrer dans sa phase "la plus dure et la plus mortelle". Il a fait observer une minute de silence en hommage aux 400 000 personnes déjà emportées par le nouveau coronavirus sur le territoire américain.
Revivez les moments forts de cette journée si particulière :
On voit surgir aujourd'hui l'extrémisme politique, le suprémacisme blanc et le terrorisme intérieur (...) Nous devons les affronter et nous allons les vaincre
Les "Etats-Désunis" d'Amérique
Pendant des semaines, le président sortant a inlassablement dénoncé - sans preuves - des fraudes massives lors du scrutin du 3 novembre 2020. En ne reconnaissant pas sa défaite, celui qui a quitté la Maison Blanche a polarisé à l'extrême le pays. Ce positionnement, contesté à l'intérieur même du Parti républicain, a poussé des "Trumpistes" à envahir le Capitole, siège du Sénat et de la Chambre des représentants, le 6 janvier dernier, alors que les élus du Congrès étaient en train d'entériner la victoire du démocrate Joe Biden.
Un dispositif hors-normes
C'est devant ce même Capitole que s'est déroulée la cérémonie d'investiture. Les mesures de sécurité étaient exceptionnelles dans la capitale fédérale : 25 000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers venus de tout le pays y étaient déployés pour assurer la sécurité. En outre, les autorités, redoutant une infiltration d'extrémistes, ont chargé le FBI de contrôler les antécédents des réservistes afin de s'assurer que ces Gardes nationaux ne présentent aucun risque. 12 soldats ont été ainsi écartés, dont deux qui l'ont été pour des commentaires jugés "déplacés".
Cette année, en plus de l'invasion du Capitole qui a glacé les Etats-Unis, la pandémie de Covid-19 a donné une dimension toute particulière à la cérémonie, où l'ambiance de liesse qui avait envahi Washington après la victoire de Joe Biden était bien lointaine. De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, ont été dressées pour protéger la "zone rouge" entre la colline du Capitole et la Maison Blanche. Les autorités ont aussi dissuadé la population de se rendre dans la capitale et ont appelé à suivre cette journée à la télévision.
Le comité organisateur de la cérémonie a limité le nombre d'invités et, sur l'immense esplanade du "National Mall", plus de 190 000 drapeaux ont été plantés pour représenter les dizaines de milliers d'Américains venant traditionnellement voir le nouveau président prêter serment.
Joe Biden débute son mandat dans un pays en plein doute, où plus de 3 000 Américains meurent chaque jour du Covid-19, où près d'un million de citoyens s'inscrivent chaque semaine au chômage et où des dizaines de millions doutent de la légitimité de son élection.