L'arrestation du rappeur Pablo Hasel, connu pour des textes polémiques à l'encontre de l'Etat et de la Couronne espagnols, suscite une grande controverse en Espagne et met le gouvernement de gauche dans l'embarras.
La colère à l'encontre de la police et de l'État espagnol est montée d'un cran mardi soir en Espagne. Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes espagnoles mardi soir suite à l'arrestation le même jour du rappeur Pablo Hasel, condamné en 2018 à neuf mois de prison pour "apologie du terrorisme", "insultes" et "calomnies" à l'encontre de la Couronne et de l'État espagnol.
Le rappeur avait, dans des tweets ou des paroles de chansons jugées subversives, insulté les forces de l'ordre et les avait accusées de torture et d'assassinat. Il faisait aussi référence à des organisations armées d'extrême gauche comme l'ETA. Le rappeur avait décidé de refuser de purger sa peine et s'était réfugié à l'université de Lleida, dans le nord-est de l'Espagne, avec un groupe de sympathisants.
"Ils ne nous feront jamais taire, malgré la répression", a déclaré Pablo Hasel, le poing levé, alors qu'il était escorté mardi par la police lors de son arrestation. "C'est un État fasciste qui m'arrête. Mort à l'État fasciste", a ajouté le rappeur de 32 ans, en regardant directement les caméras de télévision.
Controverse
La liberté d'expression face au respect de la monarchie : l'affaire suscite une grande controverse en Espagne, et embarrasse les socialistes au pouvoir. Leur partenaire de coalition, le parti de gauche radicale Podemos, a dénoncé ce mardi l'arrestation du rappeur. Sur la défensive, le gouvernement promet "une réforme" pour que les "excès verbaux commis dans le cadre de manifestations artistiques" ne relèvent plus du droit pénal et ne conduisent plus à des peines de prison.
"Nous pensons que dans tous les domaines qui découlent de la liberté d'expression et qui ne comportent pas de risque pour la sécurité des personnes, la réaction de l'État par la privation de liberté est, à notre avis, une réaction qui n'est pas appropriée dans une démocratie", a déclaré Carmen Calvo, vice-Première ministre espagnole.
Le rappeur a également reçu le soutien du monde de la culture. Plus de 200 personnalités, dont le réalisateur Pedro Almodóvar et l'acteur Javier Bardem, avaient signé une tribune pour dénoncer une "épée de Damoclès" au-dessus de tous les artistes et une atteinte à la liberté d'expression. Ils accusaient ainsi l'Espagne d'agir comme "la Turquie ou le Maroc".