Marche pour le climat, contre le blabla : le projet de loi en débat au parlement

Manifestation parisienne contre le projet de loi climat, 28 mars 2021
Manifestation parisienne contre le projet de loi climat, 28 mars 2021 Tous droits réservés Michel Euler/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par euronews avec AFP, AP
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C'est dans 150 villes de France que des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé le manque d'ambition du projet de loi climat qui arrive devant les députés pour trois semaines de débat.

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"Pour une vraie loi climat Stop au blabla": c'est le slogan repris en cœur par environ 110 000 personnes, qui ont manifesté dimanche dans 150 villes à l'appel d'ONG, de syndicats, de partis et de membres de la Convention Citoyenne pour le climat. 55 000 personnes auraient défilé à Paris, 10 000 à Lyon selon les organisateurs. Les chiffres officiels sont nettement inférieurs.

Tous dénoncent le "manque d'ambition" du projet de loi "climat et résilience" qui arrive aujourd'hui devant les députés.

 Pour Emeline, employée d'un cabinet de conseil en environnement qui manifestait à Paris,** "il y a une vraie urgence, il y a une vraie demande des citoyens pour que le changement soit mis en marche maintenant. Et on a l'impression que toutes les instances démocratiques ont perdu leur pouvoir et que la rue reste un des derniers bastions pour s'exprimer en tant que citoyens."**

Le projet de loi actuel propose de réduire les émissions carbone de 40 % d'ici à 2030 alors que le projet de "Deal vert européen" vise à ce que l'Union européenne dans son ensemble réduise ses émissions carbone de 55 %.

Les débats au parlement français devraient durer trois semaines et promettent des temps forts avec des mesures âprement discutées comme la suppression des vols intérieurs en cas d'alternatives de moins de 2 heures 30 en train, ou l'interdiction de la mise en location des passoires thermiques en 2028 (F et G).  Plus de 7000 amendements ont été déposés.

Ce projet de loi est sensé traduire une bonne partie des propositions de la Convention citoyenne pour le climat.

Cet exercice démocratique inédit, convoqué par Emmanuel Macron dans la foulée de la crise des Gilets jaunes, a vu 150 citoyens tirés au sort et formés par les meilleurs experts du climat pour proposer des mesures permettant de "réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France d'au moins 40 % dans un esprit de justice sociale".

Mais pour les militants écolos, il ne reste pas grand chose des 149 propositions de la convention une fois passées à la moulinette du gouvernement, accusé d'avoir cédé aux lobbies économiques, loin de la promesse d'Emmanuel Macron aux "citoyens" de transmettre leurs mesures "sans filtre".

En commission, les députés ont renforcé certaines mesures, comme le développement du vrac dans les grandes surfaces, et en ont édulcoré d'autres, comme l'article suggérant le développement de la consigne pour les bouteilles en verre qui suscite l'inquiétude des recycleurs et de la filière des spiritueux.

Plusieurs débats clés ont été renvoyés à la séance, en attendant la remise de rapports et d'évaluations. La majorité promet des "avancées" sur la rénovation thermique des logements avec une "trajectoire financière" et des mesures "d'accompagnement", dans la foulée du récent rapport Sichel.

Le gouvernement propose un dispositif de garantie partielle de prêts (dits "avance mutation") pour faciliter l'accès aux crédits des ménages modestes qui souhaitent rénover leur logement.

Des mesures en faveur du vélo, dont l'élargissement de la prime à la conversion, sont aussi attendues. Quant au volet publicité, les députés pourraient définir plus précisément le "greenwashing" (verdissage) des entreprises, afin de mieux le sanctionner.

Pour les menus végétariens dans les cantines, sujet qui a fait récemment polémique, Matignon ne souhaite visiblement pas aller au-delà de la simple "expérimentation" d'un choix végétarien quotidien dans les collectivités volontaires, prévue dans le texte, d'après des sources parlementaires.

Michel Euler/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
Manifestation parisienne contre le projet de loi climat, 28 mars 2021Michel Euler/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved

Au sein d'une majorité tiraillée entre son aile libérale et une frange plus écolo-compatible, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili défend un chemin de "crête" entre "ambition" écologique et "acceptabilité sociale".

Sur France Inter, la ministre, ex-EELV et à l'aile gauche de la majorité avec son parti En Commun, a assuré dimanche que le texte resterait comme "une des plus grandes lois du quinquennat". "Le changement de dimension, on va le voir dans tous les moments de notre vie", a-t-elle ajouté, tout en disant continuer à se "battre pour avoir les mesures les plus ambitieuses possibles".

Les députés LREM gardent en tête la crise des "gilets jaunes", née d'une taxe sur les carburants, ou la fronde des "bonnets rouges" contre l'écotaxe poids lourds, sous François Hollande.

Cette prudence était visible en commission sur des mesures sensibles comme la suppression progressive de l'avantage fiscal du gazole des transporteurs routiers, à l'horizon 2030, ou la mise en place éventuelle d'une écotaxe régionale pour les poids lourds dans les collectivités qui le souhaitent.

Ce n'est "pas une écotaxe", mais une "contribution spécifique" réclamée par certaines régions dans une logique de "différenciation", insiste-t-on dans la majorité, en listant les "étapes" avant sa mise en oeuvre éventuelle.

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Si le projet de loi Climat est adopté, un nouvel appel à manifester a été lancé pour le 9 mai.

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