Moscou a déclaré dimanche "persona non grata" 20 diplomates tchèques en représailles à l'expulsion de 18 diplomates russes par Prague qui les accuse d'espionnage, une décision fustigée par la Russie qui y voit "la trace des Etats-Unis".
Oeil pour oeil, dent pour dent, la réponse de Moscou n'aura pas tardé : 20 diplomates tchèques ont été déclarés persona non grata en Russie dimanche. Une décision prise en représailles à l'expulsion de 18 diplomates russes par la République tchèque. Des individus identifiés comme des espions russes par le renseignement tchèque.
Prague dit avoir "des preuves irréfutables" quedes agents du renseignement militaire russe seraient impliqués dans l'explosion d'un dépôt de munitions dans le sud-est du pays, survenue en 2014, et qui avait fait deux morts.
En parallèle à l'expulsion des diplomates russes, la police tchèque recherche deux hommes, Alexander Mishkin et Anatoly Chepigov, suspectés d'être les auteurs de l'explosion de 2014.
Ces deux individus portent d'ailleurs les mêmes noms que les suspects de la tentative d'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal, survenue en Grande-Bretagne en 2018.
Des manifestants devant l'ambassade de Russie à Prague
La République Tchèque a reçu le soutien de Londres après l'expulsion des 18 diplomates russes. "Le Royaume-Uni soutient pleinement ses alliés tchèques, qui ont révélé jusqu'où les services de renseignements russes sont prêts à aller pour mener des opérations dangereuses et malveillantes en Europe", a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab.
A Prague, des manifestants en colère ont barbouillé dimanche de ketchup le mur de l'ambassade de Russie. "Le meurtre de citoyens tchèques sur leur territoire par un autre pays, c'est presque un acte de guerre", a déclaré à l'AFP Tomas Peszynski, un des manifestants_._
Une centaine de personnes brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "Nous ne sommes pas l'arrière-cour de la Russie"__, en agitant des drapeaux de l'UE et de l'OTAN.
La veille, la police avait arrêté sept personnes qui avaient déjà barbouillé le mur de l'ambassade avec du ketchup en guise de sang.
Moscou rejette les accusations de Prague
De son côté, la Russie, qui a toujours nié toute implication dans l'affaire Skripal, rejette aussi les accusations "infondées et farfelues" portées contre ses diplomates par Prague et accuse le gouvernement tchèque de faire preuve d'hostilité dans le but d'être bien vu par les États-Unis.
"Cette démarche hostile s'inscrit dans le prolongement d'une série d'actions anti-russes entreprises par la République tchèque ces dernières années. On ne peut qu'y voir la trace des Etats-Unis", avait assuré la diplomatie russe.
"Dans un effort pour plaire aux États-Unis dans le contexte des récentes sanctions américaines contre la Russie, les autorités tchèques ont même dépassé leurs maîtres d'outre-mer à cet égard", a-t-elle ajouté.