L'éradication du Covid-19 passera par la solidarité

Campagne de vaccination au Maroc
Campagne de vaccination au Maroc Tous droits réservés AP Photo
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Par euronews
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Les leaders du G7 discutent des moyens d'assurer une distribution plus équitable des vaccins. De plus en plus de voix s'élèvent pour que les pays pauvres ne soient pas lésés.

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 Distribuer des vaccins à tous, sur la planète, sortir du "nationalisme vaccinal" et partager le précieux sésame qui permettra au monde entier de sortir de cette crise, voilà ce que réclament de plus en plus de voix. 

Les grandes puissances du G7 discutaient mercredi des moyens d'assurer une distribution plus équitable des vaccins anti-Covid, répondant ainsi à l'appel de l'OMS.   

Les pays les mieux lotis pourraient augmenter leur aide financière ou partager leurs doses excédentaires avec les pays pauvres qui manquent encore cruellement de doses à injecter pour lutter contre la pandémie. 

Une étude du Global Health Institute de l'Université de Duke affirme que mi-janvier, une poignée de pays riches qui représentent 16 % de la population mondiale, avait acheté 60 % des vaccins.

 L'Union européenne affirme avoir livré 77 millions de doses à 33 pays depuis décembre 2020, mais la plupart des pays bénéficiaires sont riches. 

Le programme Covax qui centralise les commandes pour les nations les plus pauvres se fournit principalement en vaccins d'AstraZeneca, mais l'organisation patine :  il n'a livré que 49 millions de doses dans 121 pays et territoires, contre un objectif de 2 milliards pour 2021. 

Pourtant les doses existent, aux Etats-Unis par exemple. Washington qui n'a pourtant pas encore autorisé le vaccin AstraZeneca, lié à des cas de trombose, refuse d'exporter ses doses stockées. Elles pourraient pourtant être utiles aux quelques 70 pays qui ont déjà approuvé ce vaccin. D'autant que les doses d'AstraZeneca ne nécessitent pas des réfrigérateurs spéciaux pour leur conservation, ce qui le rend accessible aux pays pauvres.

L'Inde, fabricant et victime

La situation dramatique en Inde est venue rappeler que la crise du Covid-19, qui a fait plus de 3,2 millions de morts dans le monde, n'était pas terminée.

Comme l'exprime dans "Les Echos" Akiko Suwa-Eisenmann, directrice de recherche à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, "l__a crise sanitaire en Inde nous concerne tous. D'abord, parce que l'Inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde, avec 1,3 milliard d'habitants ; la circulation du virus sur son territoire national a donc de nombreuses répercussions à l'échelle mondiale. Le pays risque de devenir un foyer de mutation du virus, à l'origine d'un variant contre lequel les vaccins actuels seraient inopérants, mettant en danger la campagne de vaccination menée tambour battant dans les pays riches. Ensuite, parce que l'Inde est une puissance pharmaceutique. A ce titre, le pays est un acteur majeur de Covax (...).  Covax ambitionne d'acquérir 2 milliards de doses de vaccin auprès des compagnies pharmaceutiques afin de les mettre, à moindre prix, à la disposition des pays à bas revenu pour protéger le personnel soignant et les populations à risque."

L'Inde dit stop aux exportations

L'Inde a décidé de bloquer ses exportations des doses produites par AstraZeneca via le Serum Institute of India (SII). Le géant asiatique étant lui-même débordé par l'épidémie de Covid, il donne la priorité à sa population, dont seul 11% est vacciné, même si cela représente 150 millions de personnes.  

 Mais comme le souligne Akiko Suwa-Eisenmann, "p__our Covax, les alternatives au Serum Institute sont quasi inexistantes. Au-delà des droits de propriété intellectuelle, il faut un temps considérable pour former des équipes capables de produire des vaccins. Parmi les pays en développement, le Brésil, Cuba et la Turquie se sont engagés dans cette voie. A court terme, la solution passe par la réallocation des stocks existants. "

Pour la directrice de recherche à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement,  la répartition  des vaccins est inégalitaire. "Début avril, dit-elle, les pays à bas revenu avaient reçu 0,2 % des plus de 700 millions d'injections dans le monde. En revanche, plus de 146 millions de personnes aux Etats-Unis et 33 millions au Royaume-Uni ont reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid, soit respectivement 44 % et 64 % de la population."

Le programme Covax espère que plus de deux milliards de doses seront livrées dans le monde entier d'ici la fin de l'année.

Pour en finir avec le Covid-19, il faudra selon l'OMS qu'au moins 70 % de la population mondiale soit immunisée. Pour vacciner 70% des 7,8 milliards de Terriens, à raison de deux milliards de doses par an, il faudra des années.

 Cependant, deux milliards de doses pourrait suffire déjà à protéger les travailleurs de la santé, les personnes âgées et les plus fragiles.

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