La Pologne légalise le refoulement à ses frontières, une pratique controversée

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Tous droits réservés Czarek Sokolowski/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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Selon ce nouvel amendement, un étranger interpellé à la frontière de l'UE immédiatement après l'avoir franchie illégalement sera obligé de quitter le territoire polonais et frappé d'une interdiction temporaire d'entrée en Pologne et dans la zone Schengen pendant une période allant de 6 mois à 3 ans.

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Le parlement polonais a approuvé jeudi un amendement à la loi nationale sur les étrangers qui légalise la pratique controversée de refoulement à la frontière et permet d'ignorer une demande d'asile formulée après le passage illégal de la frontière.

Le parlement a aussi donné son feu vert au projet gouvernemental de construire un mur pour empêcher les migrants de franchir la frontière, un projet estimé à 353 millions d'euros.

Selon le nouvel amendement, un étranger interpellé à la frontière de l'UE immédiatement après l'avoir franchie illégalement sera obligé de quitter le territoire polonais et frappé d'une interdiction temporaire d'entrée en Pologne et dans la zone Schengen pendant une période allant "de six mois à trois ans".

Les autorités polonaises se sont gardées le droit "de laisser sans examen"  la demande de protection internationale déposée par un étranger interpellé immédiatement après le passage illégal de la frontière (...) à moins qu'il soit arrivé directement d'un territoire "où sa vie et sa liberté sont menacées".

Cette mesure est très décriée par les défenseurs des droits, car elle permet d'ignorer les demandes d'asiles formulées après le passage illégal de la frontière. Cette pratique est par ailleurs interdite par la convention de Genève, signée par la Pologne. Nombre d'ONG critiquent également la Pologne pour avoir imposé un état d'urgence à la frontière, qui empêche les organisations humanitaires d'aider les migrants et interdit l'accès à tous les non-résidents, y compris les journalistes.

Au total, sept personnes ont perdu la vie à cette frontière depuis le début de l'afflux migratoire observé dans la région depuis l'été, selon les autorités polonaises, lituaniennes et bélarusses. L'Union européenne accuse Minsk d'orchestrer cet afflux, en représailles aux sanctions imposées par l'UE suite à la répression de l'opposition par le régime bélarusse.

Les migrants qui viennent massivement au Bélarus, sont dirigés ensuite vers les frontières de l'UE. Ils y restent surveillés d'une part par les garde-frontières bélarusses et de l'autre par les forces de l'ordre polonaises, lituaniennes ou lettones.

Il y a un mois, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) s'est dit "préoccupé par les informations alarmantes" à la frontière polonaise.

"Tous les États ont le droit de gérer leurs frontières conformément au droit international, mais à condition de respecter les droits de l'Homme, y compris le droit d'asile", a rappelé le HCR, ajoutant que d'après la Convention de 1951 sur les réfugiés, signée par la Pologne, "les demandeurs d'asile ne devraient jamais être pénalisés, même pour le franchissement irrégulier de la frontière".

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