A Landerneau, la marée fragilise l'un des derniers ponts habités d'Europe. Le grand âge du pont de Rohan aussi nécessite que cette curiosité soit protégée et consolidée.
Pas aussi célèbre que le Ponte Vecchio de Florence, mais tout aussi rare : à Landerneau, en Bretagne, le "pont de Rohan" est l'un des tout derniers ponts habités d'Europe. Construit en 1510 et long de 70 mètres, le pont de Landerneau a résisté à quatre incendies mais il est menacé par la marée et fragilisé par son grand âge.
"Il était courant, on va dire, pour les siècles du Moyen Âge de trouver des ponts habités dans les villes, donc des ponts résidentiels, puisque c'était des lieux stratégiques et qu'au Moyen Âge l'habitat est très concentré et on utilisait tous les mètres carrés disponibles pour s'installer", raconte Magali Prigent, chargée du patrimoine à la ville de Landerneau.
A partir du XVIIIe, les ponts ont peu à peu disparu du paysage urbain. Aujourd'hui il reste sur le pont de Rohan une quinzaine d'habitants, et le maire de Landerneau y a vécu lui aussi près de dix ans.
"C'est une vraie ville, explique Patrick Leclerc, entre les habitants, les commerces, on peut s'amuser, on peut manger, on peut boire un verre, on peut presque vivre seul. Alors ce pont habité, il a le poids de son âge, cinq siècles. Cinq siècles qui font qu'avec les travaux, les reconstructions, les modifications de certains bâtiments, il y a des désagréments. Un éboulement sur un mur avec une pierre qui s'était détachée et puis une deuxième, une troisième, et puis tout le talus qui était sous une jetée, un surplomb du pont, qui s'est vidé petit à petit."
La mairie veut rénover le pont de Rohan, et raconter son histoire dans un musée. Et pour l'aider à sauver ce patrimoine exceptionnel, Landerneau espère un classement prochain du pont aux Monuments historiques.