Migrants : la France juge la lettre de Johnson "indigente" et "déplacée"

Capture de la lettre postée sur son compte Twitter par le Premier ministre britannique Boris Johnson
Capture de la lettre postée sur son compte Twitter par le Premier ministre britannique Boris Johnson Tous droits réservés Twitter/Boris Johnson
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Par Vincent Coste avec AFP
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La crise entre Paris et Londres a franchi un nouveau ce cap avec l'annulation par le ministre français de l'Intérieur de sa rencontre prévue ce dimanche avec son homologue britannique, en réponse aux propos de Boris Johnson demandant à la France de reprendre les migrants arrivant au Royaume-Uni.

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"Méthodes pas sérieuses", "indigne", "déplacée", "déception", etc. Les autorités françaises n'ont pas du tout apprécié la lettre que le Premier ministre britannique a posté ce jeudi soir sur Twitter, où Boris Johnson réclame à la France de reprendre les migrants arrivés au Royaume-Uni.

Au plus haut sommet de l'Etat, le président de la République française a ainsi critiqué "les méthodes pas sérieuses" du Premier ministre britannique, alors qu'il était interrogé ce vendredi matin par la presse à Rome à l'issue de la signature d'un traité avec l'Italie.

On ne communique pas d'un dirigeant à l'autre sur ces questions-là, par tweet et par lettre que l'on rend public
Emmanuel Macron

"Je suis surpris des méthodes quand elles ne sont pas sérieuses, on ne communique pas d'un dirigeant à l'autre sur ces questions-là, par tweet et par lettre que l'on rend public, nous ne sommes pas des lanceurs d'alerte, allons, allons, donc les ministres vont travailler sérieusement pour régler une question sérieuse avec des gens sérieux. C'est pour cela que dès dimanche le ministre Darmanin réunira ses homologues de l'Union européenne et de la Commission pour travailler sur ce sujet et ensuite nous verrons avec les Britanniques comment agir efficacement s'ils décident d'être sérieux", a ainsi déclaré Emmanuel Macron.

Plus tôt dans la matinée, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, avait déjà vivement réagi, cinglant une lettre "indigente sur le fond et totalement déplacée sur la forme".

"Indigente sur le fond car elle ne respecte pas tout le travail qui est fait par nos garde-côtes, nos policiers, nos gendarmes, nos sauveteurs en mer (...) Sur le fond, elle propose cet accord de relocalisation, ce n'est évidemment pas ce dont on a besoin pour régler ce problème. (...) Il y en a marre des double discours et de l'externalisation des problèmes", a ainsi riposté M. Attal.

Après, le choc face à la pire tragédie migratoire survenue en Manche, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait en effet demandé à la France, dans cette lettre postée sur Twitter, de reprendre les migrants arrivés illégalement en Angleterre depuis les côtes françaises.

"Je propose que nous mettions en place un accord bilatéral de réadmission pour permettre le retour de tous les migrants illégaux qui traversent la Manche", avait ici indiqué le dirigeant britannique dans sa lettre publiée sur Twitter, évoquant des accords similaires conclus par l'UE avec le Bélarus ou la Russie

Une autre figure du gouvernement français, Gérald Darmanin le ministre de l'Intérieur, a été le premier à s'indigner ce vendredi matin de la publication de cette lettre, en estimant que si la lettre du Premier ministre britannique au président français Emmanuel Macron est une "déception", le fait d'avoir rendu public ce courrier est "pire" encore.

En conséquence de quoi, Gérald Darmanin a annulé la venue avec son homologue britannique Priti Patel qui devait participer à Calais ce dimanche à une réunion sur le dossier des migrants.

Les services du ministère de l'Intérieur ont ajouté que cette réunion, à laquelle ont été également conviés les ministres en charge de l'immigration belge, allemand, néerlandais, ainsi que des représentants de la Commission européenne, était bien "maintenue", mais "sans les Britanniques".

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