La Finlande a organisé des cours secrets pour les enfants de Daech en Syrie

Ilona Taimela est au cœur d'une histoire tenue secrète jusqu'à récemment. Cette enseignante spécialisée a été recrutée par le gouvernement finlandais pour donner des cours à distance à des enfants de membres du groupe Etat islamique en Syrie.
Durant plus d'un an, elle a échangé des centaines de messages via Whatsapp avec ses élèves situés dans le camp d'Al-Hol, où s'entassent des milliers de familles d'anciens combattants djihadistes.
Cours secrets à partir de mai 2020
C'est suite à une visite sur place, qu'un envoyé spécial de la Finlande, Jussi Tanner, a l'idée de mettre en place ces cours à distance, même si officiellement, les téléphones ne sont pas autorisés dans le camp tenu par les forces kurdes.
Avec l'aide d'une fondation finlandaise, il embauche Mme Taimela, spécialisée dans l'enseignement aux enfants finlandais à l'étranger – ainsi qu'un autre enseignant, pour élaborer un programme – avant de transmettre les détails aux mères.
Les cours vont se dérouler en secret à partir de mai 2020. Sur la trentaine d'enfants finlandais présents dans le camp, 23 se sont inscrits.
Des centaines de messages chaque jour via Whatsapp
"Certains des enfants ne savaient pas ce qu'était un bâtiment, ce qu'était une maison, parce qu'ils ont toujours été dans une tente (...) Il fallait donc leur expliquer. Ils ne savaient pas ce qu'était un lit, une chaise, une cuisine. Il y avait tellement de choses qu'ils devaient apprendre", raconte Ilona Taimela.
"Dés le premier jour quand nous avons commencé, ils étaient très actifs et nous envoyaient des messages vocaux. Les enfants disaient "Bonjour" et entendre leur voix c'était vraiment bien, on leur enseigne quelque chose alors qu'ils sont là-bas, et on peut bavarder, se demander comment ça va etc...", poursuit-elle.
"Je suis fière de ce que nous avons fait"
Le projet sensible restera caché à l'opinion publique jusqu'à la fin du programme, mi-2021. Le ministère finlandais des Affaires étrangères a rapatrié à ce jour 23 enfants et sept adultes. Selon M. Tanner, il ne reste plus qu'une quinzaine de personnes "plus difficiles à atteindre" - dont dix enfants - dans les camps en Syrie.
"Je suis fière de ce que nous avons fait", dit la professeure d'al-Hol qui espère à l'avenir utiliser ce modèle d'enseignement dans d'autres régions en crise.