Directeur d'une chaîne de télévision à Marioupol, Mykola Osychenko a réussi à quitter la ville pour se réfugier à Zaporijia. Il raconte l'enfer que vivent les habitants de Marioupol.
Près de 300 000 civils se trouveraient encore à Marioupol, pris au piège des combats et privés de l'essentiel. Une situation humanitaire dramatique dont a été témoin Mykola Osychenko.
Survivre à Marioupol
Directeur d'une chaîne de télévision à Marioupol, il a réussi à quitter la ville le 15 mars dernier pour se réfugier plus au nord, à Zaporijia.
Nous avons réussi à joindre. Il raconte l'enfer que vivent les habitants de Marioupol :
"Les personnes de mon âge ne mangeaient presque rien et avaient très peu d'eau, car la nourriture et l'eau sont réservées en priorité aux enfants et aux personnes âgées. Une famille a été évacuée de la rive gauche de Marioupol vers notre maison qui se trouve en plein centre-ville. La rive gauche, c'est là que les combats sont les plus intenses depuis le début. Cette famille, un couple et son bébé de 6 mois, est restée dans un sous-sol pendant cinq jours. Elle n'a pas pu sortir car les combats n'ont jamais cessé durant ces cinq jours. Ils ont survécu uniquement parce que la mère a pu allaiter son bébé."
Le 15 mars, 2 000 voitures ont quitté la ville
Mykola Osychenko a réussi à quitter Marioupol le 15 mars dernier, comme des milliers d'autres civils terrorisés.
"Ce jour-là, environ 2 000 voitures ont quitté la ville, il y avait un enfant dans presque chaque voiture. Les gens emportaient avec eux ce qu'ils avaient de plus précieux. Et la chose la plus précieuse, ce n'est pas votre vie, mais celle de votre enfant. Toutes ces voitures traversaient la ville au milieu des rues, où l'on peut apercevoir à même le sol des cadavres de civils, tués. Tous ces gens essayaient de distraire leurs enfants d'une manière ou d'une autre en leur disant : "Regarde le soleil ! Regarde maman et papa !" Pour que les enfants ne voient pas les corps."
Depuis le début de l'invasion russe, plus de 2 000 civils ont été tués à Marioupol, selon Kiev. Un bilan difficile à vérifier.