Le Sri Lanka plongé en pleine crise économique et politique

Des Sri Lankais manifestent pour demander la démission du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo, Sri Lanka, lundi 4 avril 2022.
Des Sri Lankais manifestent pour demander la démission du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo, Sri Lanka, lundi 4 avril 2022. Tous droits réservés Eranga Jayawardena/Copyright 2022 The Associated Press.
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Par Euronews avec AFP
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Le Sri Lanka, en proie à une crise économique aiguë, risque la famine, a averti mercredi le président du Parlement du pays d'Asie du Sud agité par des manifestations exigeant le départ du président Gotabaya Rajapaksa, depuis le 31 mars.

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Le Sri Lanka, en proie à une crise économique aiguë, risque la famine, a averti mercredi le président du Parlement du pays d'Asie du Sud agité par des manifestations exigeant le départ du président Gotabaya Rajapaksa, depuis le 31 mars.

L'île de 22 millions d'habitants est confrontée à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948 vis-à-vis du Royaume-Uni, subissant des pénuries de biens essentiels (aliments, carburant, médicaments), de longues coupures d'électricité quotidiennes et une inflation record.

Les attentats islamistes de Pâques 2019, puis la pandémie de Covid-19 ont asséché les réserves de devises étrangères pourvues par les revenus du tourisme et les transferts de fonds de la diaspora. Ces devises étrangères sont indispensables au pays pour acheter des produits d'importation dont le Sri-Lanka dépend,  ainsi que pour en maintenir ses stocks.

Violence, état d'urgence et couvre-feu

La crise politique qui secoue le pays a démarré dans la nuit du jeudi 31 mars au vendredi 1er avril. Des centaines de manifestants ont alors tenté de prendre d'assaut la résidence du président à Colombo, la capitale, réclamant sa démission. Au moins deux manifestants ont été blessés par des tirs de la police et 53 ont été arrêtés.

Vendredi 1er avril, les manifestations contre le gouvernement se sont étendues à travers le pays, notamment à Nuwara Eliya (centre) où des manifestants ont bloqué l'ouverture d'une exposition de fleurs par l'épouse du Premier ministre. 

Le président, qui a demandé l'aide du Fonds monétaire international (FMI) pour sortir de la crise, a alors proclame l'état d'urgence. Le lendemain, un couvre-feu de 36 heures a été instauré mais des centaines de personnes l'ont bravé en manifestant dans plusieurs villes du pays. L'armée, en soutien des forces de l'ordre, a été déployée pour réprimer les manifestations.

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Des étudiants protestent en bloquant une autoroute pour demander la démission du gouvernement pendant un couvre-feu à Colombo, dimanche 3 avril 2022Eranga Jayawardena/Copyright 2022 The Associated Press.

Démission du gouvernement

Dimanche 3 avril, le gouvernement démissionne en bloc, à l'exception du président et de son frère aîné, le Premier ministre Mahinda Rajapaksa. Les réseaux sociaux dont Twitter, Facebook, Whatsapp, YouTube et Instagram sont rendus inaccessibles dans tout le pays. Cette censure est levée quelques heures plus tard, la Commission des droits de l'homme l'ayant déclarée illégale.

Le lundi 4 avril, le couvre-feu est levée. Plus de 60 personnes ont été arrêtées pendant ces 5 jours, certaines ont affirmé avoir été torturées par les forces de l'ordre.L'opposition rejette alors l'invitation du président à former un gouvernement d'union nationale. Le lendemain, la coalition au pouvoir du Sri Lanka Podujana Party (SLPP) subit une série de défections, privant le président Rajapaksa de sa majorité parlementaire.

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Le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa lors de la célébration du jour de l'indépendance du pays à Colombo, vendredi 4 fEranga Jayawardena/Copyright 2022 The Associated Press.

Le ministre des Finances Ali Sabry annonce quitter ses fonctions, au lendemain de sa nomination. Rejetant la demande de l'opposition de soumettre la prolongation de l'état d'urgence à un vote, le gouvernement écourte abruptement la session parlementaire, reportée au 6 avril.

"Les pénuries vont s'aggraver"

La session du parlement s'est ouverte ce mercredi matin. "O_n nous dit que c'est la pire crise, mais je pense que ce n'est que le début_", a averti le président du Parlement Mahinda Yapa Abeywardana, en introduisant un débat de deux jours avec les députés sur l'aggravation de la crise économique.

"Les pénuries de nourriture, de gaz et d'électricité vont s'aggraver", a poursuivi le président du parlement, "il y aura des pénuries alimentaires très aiguës et la famine." M. Abeywardana a souligné devant le parlement que l'avenir du pays dépendait des décisions qu'allaient prendre le corps législatif cette semaine.

L'économie du Sri-Lanka est fortement dépendante du tourisme, mis à mal ces deux dernières années. Une faible reprise post-pandémique a commencé à la fin de l'année dernière, avec près de 100 000 touristes en février soit environ 40% des pics observés les années précédentes. Mais l'invasion russe en Ukraine a stoppé presque tout le tourisme en provenance des deux pays, qui représentent la première et la troisième source de visiteurs étrangers sur l'île.  

Manquant cruellement de devises étrangères, l'île n'est pas en mesure d'importer des produits vitaux, ce qui entraîne des pénuries graves, allant de médicaments vitaux au ciment, ainsi qu'une forte augmentation des prix des produits de base.

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