Internet spatial : Eutelsat veut fusionner avec OneWeb pour créer un géant européen

Archives : lancement de satellites de OneWeb opéré par l'agence spatiale russe Roscosmos, via une fusée Soyuz-2.1b, depuis Baïkonour, au Kazakhstan, le 27 décembre 2021
Archives : lancement de satellites de OneWeb opéré par l'agence spatiale russe Roscosmos, via une fusée Soyuz-2.1b, depuis Baïkonour, au Kazakhstan, le 27 décembre 2021 Tous droits réservés VAN TIM / ROSCOSMOS / AFP
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Par euronews avec AFP
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Pour contrer les constellations de satellites américains Starlink et Kuiper, le groupe français est entré en discussions avec son concurrent britannique afin de pas prendre trop de retard dans la course à l'Internet haut-débit depuis l'espace.

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Qui sera le maitre de l'Internet haut débit spatial ?  L'opérateur français de satellites Eutelsat est en discussions pour fusionner avec le britannique OneWeb et sa constellation, une opération destinée à créer un géant dans la course à l'internet depuis l'espace face au mastodonte Starlink de l'américain SpaceX.

Eutelsat a annoncé ce lundi être en "discussions (...) en vue d'un éventuel rapprochement" avec OneWeb, dont il est déjà actionnaire à hauteur de 23%.

"Selon les termes de la transaction envisagée, les actionnaires d'Eutelsat et de OneWeb détiendraient chacun 50% des actions du groupe combiné" précise Eutelsat dans un communiqué. La transaction se fera par échange d'actions, les actionnaires de chacun des deux groupes détenant la moitié de la future entité.

Répondre aux besoins toujours plus croissants d'internet à haut-débit en orbite basse

Eutelsat est spécialiste de l'orbite géostationnaire, avec sa flotte de 35 satellites positionnés à 36 000 kilomètres de la Terre, qui servent principalement et historiquement à la diffusion de télévision par satellite, mais fournissent aussi de l'internet à haut débit.

La société britannique OneWeb est elle spécialisée sur l'internet fourni depuis l'espace : elle a déjà déployé 428 des 648 satellites de sa constellation en orbite basse, à quelques centaines de kilomètres d'altitude, et prévoit le lancement de son service au niveau mondial à la fin de l'année.

"L’entité combinée serait le premier opérateur satellite multi-orbites offrant des solutions intégrées GEO/LEO (géostationnaire et orbite basse, ndlr), et serait singulièrement positionné pour adresser le marché de la connectivité en plein essor, estimé à 16 milliards de dollars à horizon 2030", affirme Eutelsat dans son communiqué sur ce projet de fusion.

Cette opération, si elle voit le jour, s'inscrit dans des grandes manœuvres dans le secteur spatial pour répondre aux besoins toujours plus croissants d'internet à haut-débit en orbite basse.

Positionnées à quelques centaines de kilomètres d'altitude, les satellites, plus petits que les traditionnels satellites de télécommunication, permettent des communications à faible latence, c'est-à-dire avec un délai de transmission réduit.

Les besoins sont énormes, qu'il s'agisse de desservir les régions isolées dépourvues de fibre optique ou pour répondre aux futurs besoins de la voiture connectée par exemple.

De plus en plus de constellations de satellites autour de la Terre

Dans cette course, l'américain SpaceX du milliardaire américain Elon Musk a pris une longueur d'avance. Plus de la moitié des 4 408 satellites de sa constellation Starlink a déjà été déployée. Ainsi 59 nouveaux satellites viennent juste d'être mis en orbite ces dernières heures par une fusée Falcon 9. A terme, la compagnie prévoit d'envoyer dans l'espace pas moins de 42 000 satellites. 

L'autre milliardaire américain, Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, compte lui déployer plus de 3 200 satellites pour sa constellation Kuiper. Des accords ont été conclu dans ce sens avec plusieurs compagnie, dont le Français Arianespace qui devrait mettre en orbite des centaines de satellites via 18 lancements d'Ariane 6. 

 L'Union européenne souhaite elle aussi déployer sa propre constellation en orbite basse d'environ 250 satellites à partir de 2024 au nom de la souveraineté. Cette constellation permettra selon le commissaire européen Thierry Breton de mettre fin aux "zones blanches" en Europe, d'offrir des communications cryptées aux Etats à l'aide de technologies quantiques, et d'avoir une redondance par rapport aux réseaux terrestres, cibles de cyberattaques.

Quant à la Chine, elle dispose elle aussi de son propre projet de constellation, Guowang, de 13 000 satellites.

Un projet fraichement accueilli en bourse

Vers 8h30 GMT, le titre Eutelsat plongeait de 17,7% à 8,57 euros, à la Bourse de Paris qui, elle refluait légèrement de 0,12%.

Mis en faillite pendant la pandémie, OneWeb a été repris par le conglomérat indien Bharti et par le gouvernement britannique. Aujourd'hui Bharti détient 30% de son capital, Eutelsat 22,9%, Londres et le japonais Softbank 17,6% chacun, et le conglomérat coréen Hanwa 8,8%.

Eutelsat est lui détenu à 20% par Bpifrance, la banque publique d'investissement de l'Etat français, ainsi que par le Fonds stratégique de participations (FSP) détenu par sept assureurs (7,6%).

L'opérateur avait rejeté il y a quelques mois une offre non sollicitée de rachat par le milliardaire français Patrick Drahi, actionnaire majoritaire du groupe de médias Altice.

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