Retrait des troupes françaises du Burkina : Paris attend (toujours) des clarifications

A g. : véhicule militaire français dans le nord du Burkina ( 09/11/2019) / A dr. : manifestation anti-française à Ouagadougou (20/01/2023)
A g. : véhicule militaire français dans le nord du Burkina ( 09/11/2019) / A dr. : manifestation anti-française à Ouagadougou (20/01/2023) Tous droits réservés AFP photos
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Par euronews avec AFP, AP
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La France va-t-elle rapatrier ses troupes actuellement déployées au Burkina Faso ? Les autorités burkinabè le demandent avec insistance. Paris dit attendre encore des "clarifications".

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Les autorités du Burkina Faso ont confirmé avoir demandé le départ des troupes françaises basées à Ouagadougou dans un délai d'un mois.
Pour autant, à Paris, on attend toujours des clarifications de la part du président de la transition burkinabè sur le sujet.

Nouvel épisode de tensions entre le Burkina Faso et la France. Le point de crispation, c'est la présence d'un contingent de soldats français sur le sol burkinabè.

Le Burkina héberge actuellement près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre.

Chronologie récente

  • Mercredi 18 janvier

Dans un courrier du ministère burkinabè des Affaires étrangères adressé à Paris et daté de mercredi, dont l'AFP a eu copie, Ouagadougou "dénonce et met fin dans son entièreté à l'accord" du 17 décembre 2018 "relatif au statut des forces armées françaises intervenant" dans la lutte anti-djihadiste dans le pays sahélien.

  • Dimanche 22 janvier

Dimanche après-midi, Emmanuel Macron dit attendre "des clarifications" de la part du Burkina. 

Dans la soirée, la présidence française avait ajouté attendre une confirmation de la position burkinabè au "plus haut niveau".

  • Lundi 23 janvier à la mi-journée

Ce lundi, les autorités du Burkina Faso confirment avoir demandé le départ de ces troupes françaises. C'est le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, qui l'assure dans une interview sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB).

"Ce que nous dénonçons, c'est l'accord qui permet aux forces françaises d'être présentes au Burkina Faso. Il ne s'agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France. (...) Les forces françaises sont basées à Ouagadougou sur la demande du Burkina Faso et de ses autorités. Cette dénonciation est dans l'ordre normal des choses, elle est prévue dans les termes de l'accord militaire".

  • Lundi 23 janvier après-midi

A Paris, la parole du Quai d'Orsay indique ce lundi après-midi que la France attend toujours des clarifications de la part du président de la transition burkinabè concernant la demande de son ministère des affaires étrangères.

"Nous avons bien reçu la note verbale (du ministère burkinabè) transmise à notre ambassade", a annoncé  à l'AFP Anne-Claire Legendre dans une déclaration écrite. 

"Comme l'a dit le président de la République (Emmanuel Macron) hier, nous attendons que le président de la transition burkinabè (Ibrahim Traoré) clarifie la portée de cette note", a-t-elle ajouté.

Départ de l'ambassadeur ?

La France, ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina depuis plusieurs mois.

En décembre, les autorités burkinabè avaient demandé à Paris le remplacement de l'ambassadeur de France à Ouagadougou, Luc Hallade, dans leur collimateur pour notamment avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.

Lundi, M. Ouédraogo a indiqué que le gouvernement avait "reçu toutes les assurances sur le fait que les autorités françaises vont accéder à cette requête dès cette semaine".

Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d'un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats notamment en matière de lutte contre le djihadisme qui mine ce pays depuis 2015.

Rapprochement avec la Russie

Les nouvelles autorités ont ces dernières semaines engagé un rapprochement avec la Russie.

"La Russie est un choix de raison dans cette dynamique" et "nous pensons que notre partenariat doit se renforcer", a souligné il y a deux semaines le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambela, à l'issue d'une entrevue avec l'ambassadeur de Russie Alexey Saltykov.

Début décembre, il avait fait une visite discrète à Moscou.

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Le précédent malien

Cette demande de départ rappelle le précédent du Mali voisin : l'été dernier, la junte au pouvoir à Bamako avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence.

De multiples sources rapportent que les autorités maliennes ont commencé à faire venir dès fin 2021 le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les agissements sont décriés dans différents pays, ce que la junte dément.

"S'il y a quelqu'un qui doit être en train de boire du petit-lait, c'est bien le Russe Evguéni Prigojine, le chef du groupe Wagner, qui entend faire du Burkina son nouvel eldorado. +Venez, le terrain est libre+, tel semble être le message envoyé à l'ours russe", interprétait lundi le quotidien privé burkinabè "L'observateur Paalga".

Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI).

Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés.

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