Au Soudan du Sud, le pape appelle à la paix et à restaurer la dignité des victimes de la guerre

Cérémonie œcuménique du pape François à Juba au Soudan du Sud
Cérémonie œcuménique du pape François à Juba au Soudan du Sud Tous droits réservés Gregorio Borgia/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
Par euronews avec AFP
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Le pape François a lancé samedi à Juba un ardent cri d'alarme aux dirigeants du Soudan du Sud pour rendre une "vie digne" aux déplacés, renouvelant son appel à la paix dans ce pays déchiré par les luttes de pouvoir.

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Reprendre sérieusement le processus de paix et rendre une vie digne aux millions de sud-soudanais touchés par la guerre, c'est l'appel lancé samedi 4 février 2023 à Juba par le pape François aux dirigeants du plus jeune Etat du monde.

Aux côtés des chefs des Eglises d'Angleterre et d'Ecosse représentants les deux autres confessions chrétiennes du pays, le souverain pontife a participé à une prière devant 50 000 fidèles.

Il a rappelé qu'un grand nombre d'enfants n'avaient connu que la réalité des camps de déplacés.

Le chef de l'Eglise catholique a supplié les habitants à "protéger, respecter et valoriser" les femmes, dans un pays où les violences sexuelles sont "généralisées et systématiques".

Le pape argentin a entamé vendredi un "pèlerinage de paix" très attendu dans le plus jeune Etat du monde, où sévissent la famine, la misère et les inondations.

De 2013 à 2018, ce pays de 12 millions d'habitants, dont 60% de chrétiens, a été en proie à une guerre civile sanglante entre les partisans des deux leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait 380.000 morts.

Malgré un accord de paix signé en 2018, les violences perdurent et le pays comptait en décembre 2,2 millions de déplacés internes, selon les derniers chiffres publiés par l'organisme onusien OCHA.

"Tragédie humanitaire"

"Malheureusement, dans ce pays martyrisé, être déplacé ou réfugié est devenu une expérience habituelle et collective", s'est désolé François, après avoir entendu les témoignages de trois jeunes qui ont raconté la difficulté de la vie dans les camps.

"Je suis avec vous, je souffre pour vous et avec vous", a-t-il affirmé, mettant en garde contre l'"aggravation" de cette "tragédie humanitaire".

Pour John Wiyual, 42 ans, qui vit dans un vaste camp de déplacés à l'extérieur de Juba depuis 2014, les promesses du gouvernement sont vaines. "Ils disent qu'il y a la paix, mais il y a des tueries dans tout le pays", a-t-il déploré auprès de l'AFP.

En fin de journée, François a participé à une prière oecuménique aux côtés des chefs des Eglises d'Angleterre et d'Ecosse, représentants des deux autres confessions chrétiennes, en présence de 50.000 fidèles.

Dimanche matin, le pape clôturera sa visite avec une messe en plein air où des milliers de fidèles sont attendus.

"Nouveau sursaut"

Vendredi, le pape avait déjà exhorté la classe politique à un "nouveau sursaut" pour la paix et fustigé le fléau de la corruption.

Assez de destructions ! Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant
pape François

"Assez de destructions! (...) Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant", avait averti le pape de 86 ans.

L'ONU et la communauté internationale accusent régulièrement les dirigeants sud-soudanais de maintenir un statu quo, d'attiser les violences, de réprimer les libertés politiques et de détourner les fonds publics.

En 2019, François avait reçu les deux frères ennemis Salva Kiir et Riek Machar au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste fort qui n'avait pourtant pas été suivi d'avancée concrète.

Il s'agit de la première visite papale au Soudan du Sud depuis que la nation, qui compte plus de 60 groupes ethniques, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011.

L'Eglise joue un rôle de substitution dans des zones sans aucun service gouvernemental et où les travailleurs humanitaires sont souvent attaqués, voire tués.

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Ce déplacement fait suite à une visite de quatre jours à Kinshasa, où le pape a condamné les "atroces cruautés" perpétrées dans l'est de la République démocratique du Congo, en proie à des exactions meurtrières de groupes armés.

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