Facebook utilisé pour une opération de déstabilisation de la Moldavie

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Par Sophia Khatsenkova
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Le réseau social américain a diffusé des vidéos de propagande d'un oligarque pro-Kremlin sous sanctions américaines.

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Facebook est à nouveau sous le feu des critiques, mais cette fois en Moldavie pour avoir permis à un oligarque sanctionné de diffuser des publicités payantes sur sa plateforme dans le but de déstabiliser le gouvernement actuel. Ilan Shor est un homme politique de l'opposition placé sur la liste des sanctions du gouvernement américain pour avoir tenté de prendre le contrôle de la Moldavie pour le compte de la Russie.

Dans certaines des vidéos qu'il publie, Ilan Shor tente d'obtenir du soutien pour une manifestation antigouvernementale à venir et accuse Maia Sandu, la présidente pro-occidentale de la Moldavie, de corruption.

DANIEL MIHAILESCU/AFP or licensors
Ilan Shor, le 15 février 2019, à Comrat (Moldavie).DANIEL MIHAILESCU/AFP or licensors

Cette publicité a été vue entre 250 et 300 000 fois sur la plateforme et sa diffusion a coûté entre 500 et 600 euros au parti d'Ilan Shor. Il existe des centaines d'autres exemples comme celui-ci au cours des derniers mois.

En tant que personne sous sanctions, Ilan Shor n'est pas autorisé à effectuer des transactions financières avec Facebook ou toute autre société américaine. Mais son équipe a trouvé une échappatoire en achetant par exemple des pages Facebook d'autres pays, comme le Vietnam, et en diffusant des publicités par leur intermédiaire. Et cette campagne a été très efficace...

L'automne dernier, la Moldavie a été secouée par une série de manifestations antigouvernementales initiées par le parti Shor. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale pour protester contre la hausse des prix de l'énergie. La plupart des publicités ont finalement été supprimées par Facebook, mais pas avant d'avoir été visionnées des millions de fois dans ce petit pays d'environ 2,6 millions d'habitants.

Selon Valeriu Pasha, président de Watchdog Moldova, la lenteur de la réaction de Facebook a eu un impact négatif sur l'opinion publique. "Nous voyons quelques actions de la part de Meta, mais les réactions sont très lentes et absolument inefficaces parce que l'impact est fait et toutes ces pages et les personnes derrière elles, elles continuent à violer les propres règles de Facebook', explique-t-il. 

Meta, la société mère de Facebook, a promis de sévir contre ces campagnes d'influence en réponse à la guerre en Ukraine, mais rien dans la mise à jour de leur politique ne mentionne la Moldavie. 

Contacté par le Cube, un porte-parole de Meta a fourni cette réponse"Nous avons retiré à cet individu sanctionné la possibilité de faire de la publicité sur nos applications lorsqu'il a été ajouté à la liste des sanctions américaines. En réponse, nous avons détecté des efforts visant à utiliser d'autres pages et comptes afin d'amplifier son contenu. Nous les avons supprimés à la suite de notre propre détection interne et des informations fournies par la société civile moldave. Nous savons que les acteurs malveillants comme celui-ci sont persévérants et nous continuons à surveiller et à prendre des mesures."

En attendant, les ONG moldaves, comme celles que nous avons interrogées, demandent à Meta plus de ressources et de personnel pour mieux surveiller la situation au niveau local.

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