Crise de l'énergie en Europe : les bénéfices records des fournisseurs

Les prix de l'énergie ont augmenté de manière peu homogène à travers le continent européen
Les prix de l'énergie ont augmenté de manière peu homogène à travers le continent européen Tous droits réservés Canva
Tous droits réservés Canva
Par Enrique Barrueco
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Crise de de l'énergie en Europe : les fournisseurs maintiennent des bénéfices record. Jusqu'à trois fois plus qu'en 2021 pour la compagnie britannique Centrica. Face aux superprofits, l'UE et les pays européens réagissent à différentes échelles

PUBLICITÉ

Trois fois plus de bénéfices en 2022 par rapport à l'année précédente. C'est le record établi par la compagnie d'énergie britannique Centrica, propriétaire de British Gas, qui a engrangé 3,7 milliards d'euros contre ???? 948 millions l'année précédente. Mais elle est loin d'être la seule. 

Le Français TotalEnergies, deuxième producteur mondial de gaz naturel liquéfié, a réalisé en 2022 un bénéfice net de 19,5 milliards d'euros, soit 28% de plus qu'en 2021. Même constat pour les Espagnols Repsol (70%) et Iberdrola (12% de hausse de ses bénéfices).

Des annonces qui n'ont pas manqué de faire réagir, alors que chaque entreprise, chaque bâtiment, chaque foyer du continent européen a subi la hausse des prix de l'énergie. Le siège de TotalEnergies en France a été symboliquement repeint en rouge mercredi 8 février en signe de protestation par plusieurs associations.

"Cela pose la question de la différence entre la légalité de leurs profits et la légitimité de leurs profits dans une période qui est évidemment assez particulière de l'histoire européenne". Soulève Patrice Geoffron, économiste et directeur du Centre de Géopolitique de l'Énergie et des Matières Premières à l'Université Paris-Dauphine. "L’intérêt de ces entreprises de service public (les "utilities") évidemment, c'est d'arriver à ne pas faire face à une destruction de la demande, d'arriver aussi à se déployer plus vite et d'incorporer dans leur modèle économique des efforts de sobriété ".

Que faire face aux superprofits ?

Les États-membres de l'UE ont adopté fin 2022 une taxation des superprofits réalisés par les géants du gaz, du pétrole et du charbon. Dans le cadre de la "contribution temporaire de solidarité", Bruxelles fixe un taux d'imposition minimum de 33% de ces superprofits

Des taxations exceptionnelles ont également été adoptées à l'échelle nationale en Espagne et en Italie, non sans provoquer une certaine grogne chez les fournisseurs. La "taxe temporaire sur l'énergie" adoptée par le gouvernement de Pedro Sanchez est actuellement contestée en justice par l'Association des entreprises d'énergie électrique du pays (aelēc). 

Également accusée d'avoir largement bénéficié de la guerre en Ukraine en raison de ses stocks de gaz, la Norvège a décidé de redistribuer une partie de cet argent à l'Ukraine. Le pays a annoncé une contribution de 6,8 milliards d'euros à l'aide militaire et humanitaire Ukraine sur les quatre prochaines années.

En France, les profits exceptionnels de TotalEnergies ont généré de nombreux débats, et été la crible de nombreuses critiques de la part de la gauche du pays. L'entreprise s'est acquittée de deux milliards d'euros de taxe exceptionnelle en 2022 dans l'UE et au Royaume-Uni, mais elle n'a pas payé d’impôts en France.

Les prix de l'énergie vont rester élevés en 2023

Pour Anne-Sophie Corbeau, chercheuse au Center for Global Energy Policy de la School of International and Public Affairs de l'Université Columbia, compte tenu des pénuries entraînées par le manque de gaz russe, les prix resteront élevés en 2023 : "C'est, d'une certaine façon, 'normal' que certains profits aient beaucoup augmenté puisque les prix de l'énergie sont extrêmement élevés." explique-t-elle avant de nuancer : "tout dépend de la manière dont ces énergies ont contracté leurs ressources énergétiques, en particulier les ressources en gaz. [...] Les entreprises américaines qui exportent du gaz naturel liquéfié vendent leur gaz à la sortie du terminal de liquéfaction. L'entreprise qui a passé un contrat pour ce gaz le paiera à un prix indexé que sur le prix américain "Henry hub". Elle gagnera alors toute marge de profit entre le prix qui sort des terminaux aux États-Unis et le prix qui atteint le marché européen".

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Pays-Bas : fermeture définitive du plus grand gisement de gaz naturel d'Europe

Sur long terme, l'Europe compte sur le gaz azerbaïdjanais

En Autriche, des forages ont commencé pour trouver du gaz