Expulsion de moines à Kyiv : le gouvernement exclut tout recours à la force

La laure des grottes à Kyiv est le site le plus sacré d'Ukraine.
La laure des grottes à Kyiv est le site le plus sacré d'Ukraine. Tous droits réservés Andrew Kravchenko/Copyright 2023 The AP. All rights reserved.
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Par Euronews avec AFP
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Les autorités ukrainiennes ont exclu tout recours à la force contre un célèbre monastère de Kyiv d'une Eglise orthodoxe liée à Moscou et dont les moines sont confrontés à un avis d'expulsion depuis mercredi.

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Les autorités ukrainiennes ont exclu tout recours à la force contre un célèbre monastère de Kiev d'une Eglise orthodoxe liée à Moscou et dont les moines sont confrontés à un avis d'expulsion depuis mercredi.

Fondé au XIe siècle et classé par l'Unesco au patrimoine mondial, le monastère, qui surplombe les rives du Dniepr, héberge le siège de l'Eglise orthodoxe ukrainienne soumise au patriarcat de Moscou avant l'invasion russe lancée en février 2022.

Cette confession a annoncé en mai la rupture de ses liens avec l'Eglise russe dont le patriarche russe, Kirill, a soutenu l'invasion. Mais le gouvernement de Kiev estime que cette Eglise reste de facto dépendante de Moscou.

Les autorités ont dans un premier temps ordonné aux religieux de quitter mercredi au plus tard le monastère de la Laure des Grottes mais les moines ont jusqu'à présent refusé de partir.

"Personne ne va tirer personne par les pieds, il n'y aura pas d’expulsion par la force, tout se fera dans le respect de la loi", a affirmé Oleksiï Danilov, secrétaire du Conseil ukrainien de sécurité nationale, cité mercredi par son service de presse.

Le ministère de la Culture avait annoncé à la mi-mars la résiliation du bail qui permettait à cette Eglise de louer gratuitement une partie de la Laure, au motif de "violations (des règles) dans l'utilisation de biens d'Etat".

Un porte-parole du ministère a déclaré mercredi à l'AFP que la procédure d'expulsion débutait ce mercredi mais qu'aucune date butoir n'avait été fixée pour l'instant.

"La procédure doit être lancée aujourd'hui" mais "aucune date n'est fixée" pour le départ définitif, a indiqué ce porte-parole, Serguiï Samoïlenko, assurant également qu'aucune "éviction par la force" n'est prévue.

- Office religieux -

Dans la matinée, plusieurs centaines de fidèles ont assisté à un office religieux célébré par le chef du monastère, le métropolite Pavlo, dans une église de la Laure et à l'extérieur sur le parvis de l'édifice, dans un froid saisissant et sous une neige légère, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Je tiens à vous faire savoir que la loi est de notre côté. Parce que selon la loi, selon la Constitution, ils n'ont pas le droit de nous expulser", a déclaré à l'assistance le religieux à la fin de la liturgie.

"L'affaire est entre les mains de la justice (...) Mais ils n'ont pas le droit d'expulser les frères (...) jusqu'à ce qu'il y ait une décision de justice", a-t-il insisté.

"Aucun document ne nous oblige à quitter ce monastère aujourd'hui", a confirmé sur place à la presse l'archevêque Kliment, un porte-parole de cette Eglise.

A l'entrée du vaste complexe de plus de 20 hectares, connu pour ses splendides dômes dorés et situé dans le centre historique de Kiev, la police filtrait uniquement les entrées et sorties des véhicules en demandant aux conducteurs d'ouvrir le coffre.

Comme les jours précédents, les fidèles et visiteurs étaient libres d'entrer et sortir des lieux où vivent quelque 200 moines et 300 étudiants.

Parmi ceux ayant assisté à la liturgie matinale, Mykolaï, 49 ans, venu avec son fils, juge "arbitraire" la décision d'expulsion. "Le gouvernement outrepasse ses pouvoirs. Ce gouvernement sans Dieu nous persécute, nous les orthodoxes", a-t-il déclaré à l'AFP.

"Cela finira mal pour le peuple ukrainien", a-t-il poursuivi dénonçant une décision "clairement politique".

"Nous le protégerons, c'est notre sanctuaire. Quand on me bat, je garde le silence, (mais) quand c'est mon Eglise, elle doit être défendue", a-t-il martelé.

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