L'élargissement de l'Otan, serpent de mer des relations avec la Russie

L'opération de l'Otan "Air Defender 23" a pris place en Europe début juin.
L'opération de l'Otan "Air Defender 23" a pris place en Europe début juin. Tous droits réservés RONNY HARTMANN/AFP or licensors
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Par Margaux Racaniere
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L'adhésion de l'Otan à l'Alliance a été de nouveau évoquée au récent sommet de l'Otan à Vilnius. Une hypothèses impensable du côté russe.

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Le signal le plus important que nous envoyons est que nous sommes en mesure de nous défendre" a souligné le chef de l’armée de l’air allemande, le général Ingo Gerhartz, à propos de l’exercice militaire de l’Otan “Air Defender 23” coordonné par Berlin.

Pendant une dizaine de jours, quelque 250 aéronefs américains, allemands ou même japonais et suédois ont silloné le ciel pour simuler une attaque venant de l’Est. Un message assez clair pour la Russie, bien que l’opération ne vise “personne” a précisé le général. Un symbole de plus de l’évolution des relations entre la branche européenne de l’Otan et le Kremlin. Le temps n’est plus à l’Ostpolitik ou, en d’autres mots, au commerce pour éviter la guerre.

L’Otan a déjà placé huit bataillons dans les pays de sa frontière Est. Un total de 10 000 troupes réparties entre la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie. L’Alliance se réserve désormais la possibilité de multiplier par 4 ou 5 les effectifs de ces groupements stratégiques.

Pour la Russie, les stratégies de l’Otan sont une provocation

Une stratégie de défense qui donne du grain à moudre à la Russie. Pour Moscou, l’Otan est à blâmer pour la guerre en Ukraine. Le président russe Vladimir Poutine a par exemple dénoncé le fait que

En plus de la reconnaissance en tant que territoires russes des régions de Zaporijia, Kherson, Lougansk et Donetsk, le Kremlin souhaitait des engagements de la part de l’Otan.

En particulier le retrait de toutes les forces et armes américaines d’Europe centrale et orientale et des pays baltes, la fin de la stratégie d’élargissement de l’Otan vers l’est et le maintien de la neutralité de l’Ukraine.

Alors que durant l’invasion de Georgie en 2008, puis celle de la Crimée en 2014, les réactions internationales ont été plutôt tièdes, la guerre en Ukraine a galvanisé l’Otan.

D’un groupement affaibli, jugé en 2019 par le président français Emmanuel Macron comme “en état de mort cérébrale”, l’Alliance est redevenu un acteur incontournable de la guerre.

Même les pays européens traditionnellement “non-alignés” ont changé leur fusil d’épaule. La Suède et la Finlande ont renoncé à leur neutralité traditionnelle, et doublent la surface des frontières Otan-Russie.

Même la France, qui avait tenté pendant les premiers mois de la guerre de conserver une position de neutralité et voulu “éviter une humiliation” de la Russie, a révisé sa copie. Désormais, la fin du conflit n’est pas envisagée sans une “victoire de l’Ukraine”.

Même l’Allemagne a récemment dépassé ses réticences historiques en acceptant d’envoyer à l’Ukraine des chars leopard 2. Elle-même qui était pourtant extrêmement dépendante du gaz russe, et qui entretient des rapport amicaux avec la Russie depuis des dizaines d’années.

Intégration de l’Ukraine, une ligne rouge pour la Russie

L’adhésion de l’Ukraine à l’Otan est déjà garantie “un jour” par le texte du sommet de Bucarest de 2008 : “L’OTAN se félicite des aspirations euro-atlantiques de l’Ukraine et de la Géorgie, qui souhaitent adhérer à l’Alliance. Aujourd’hui, nous avons décidé que ces pays deviendraient membres de l’OTAN.”.

Désormais l’Ukraine demande plus de garanties à l’Otan.

Discussion avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. sur le déblocage de nouveaux types d'armes sur le plan qualitatif. Nous avons également discuté des mesures nécessaires à la poursuite de l'intégration dans l'OTAN.

Dans une tribune publiée le 1er juin dans le magazine Foreign affaires, l’ex-ministre de la défense ukrainien Andriy Zagorodnyuk a appelé à “laisser l’Ukraine intégrer l’Otan, immédiatement” en argumentant que l’Ukraine a fait ses preuves sur le champ de bataille et constituerait un atout imparable pour la sécurité de l’Europe.

Mais pour la plupart des pays membres, une intégration durant le conflit est inconcevable. L’article 5 du Traité de l’Atlantique nord stipule “si un pays de l'OTAN est victime d'une attaque armée, chaque membre de l'Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué”. Intégrer l’Ukraine serait une déclaration de guerre de l’Europe, ce que personne ne souhaite.

Des sujets qui  au cœur du dernier sommet de l’Otan à Vilnius, les 11-12 juillet 2023.

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